
Et de quatre! Après Yesh Din en juillet 2020, B’Tselem en janvier 2021 et Human Rights Watch en mai 2021, c’est au tour d’Amnesty International de publier le 1er février dernier un important rapport, dont les conclusions sont formelles : Israël pratique contre le peuple palestinien une politique d’apartheid, soit un régime institutionnalisé d’oppression et de domination d’un groupe racial sur un autre. L’organisation de référence de défense des droits humains n’a fait que tirer les enseignements des faits récoltés depuis plus de vingt ans par de nombreux observateurs internationaux sur le régime d’exception imposé par Israël aux Palestiniens. Citons, entre autres, le professeur de Droit sud-africain John Dugard, les Belges Eric David et François Dubuisson, des représentants de Nations Unies comme le professeur Jean Ziegler et de nombreuses autres éminentes personnalités.
À l’appel de 170 associations palestiniennes, le mouvement de solidarité européen et étatsunien lançait en 2005 la campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) pour mobiliser l’opinion publique contre un contexte « qui s’apparente de plus en plus à celui de l’ex-apartheid sud africain. »
En novembre 2011, à Cape Town, sous la présidence de Stéphane Hessel, l’archevêque Desmond Tutu, qui nous a quittés le 26 décembre dernier, inaugurait la troisième session du Tribunal Russell sur la Palestine (TRP) en vue de préciser ce qu’était l’apartheid et en quoi il constituait un crime contre l’humanité perpétré par l’occupant israélien. Et de rappeler par ailleurs qu’Israël pratique un réel sociocide à l’égard des Palestiniens, tant dans le territoire occupé qu’en Israël même.Toutes les observations et tous les témoignages collationnés ces vingt dernières années par les missions civiles et par les observateurs des Nations Unies attestent de pratiques inhumaines d’oppression et de persécution dans le territoire palestinien occupé, qui relèvent toutes d’une politique officiellement menée en Israël, appelée hafrada qui signifie « séparation » en hébreu. Cette hafrada a été généralisée par une politique de colonisation, d’occupation, d’actes inhumains systématiques de grande ampleur. Si la situation est sensiblement différente pour les citoyens palestiniens d’Israël, le sort qui leur est dévolu répond cependant aux mêmes logiques du suprématisme racial juif (lire dossier central).
Comme d’habitude, Israël a répondu aux accusations d’Amnesty en l’accusant à son tour d’antisémitisme. Cette méthode, outre son caractère odieux, est en outre particulièrement dangereuse en ce qu’elle dévoie la nécessaire lutte contre le sentiment antijuif, dont on a pu constater la progression durant la crise sanitaire. Elle démontre néanmoins la fragilisation de la position israélienne, forcée de réagir avec une outrance systématique qui confine au ridicule aux faits irréfutables avancés par les organisations des droits humains.
Amnesty International demande à juste titre dans son rapport que les responsables de crimes d’apartheid commis contre les Palestiniens soient sanctionnés par la Cour pénale internationale. Le mouvement de solidarité, dont l’ABP-WB est un membre actif, apporte son soutien aux organisations israéliennes et palestiniennes qui combattent l’apartheid. Il rappelle à la Belgique et à l’Union européenne qu’elles ont l’obligation de mettre un terme à la situation illégale qui prévaut en Israël-Palestine et qui découle des mesures d’apartheid et de persécution imposées par Israël aux Palestiniens.