Par Michel Brouyaux
En 2011, Avraham Burg, ancien président de l’Agence juive et de l’Organisation sioniste mondiale, écrivait ceci : « La prochaine formule politique, qui se substituera aux deux États pour deux peuples, sera une formule citoyenne. Toute personne entre le Jourdain et la mer a un droit égal à l’égalité, à la justice et à la liberté. Autrement dit, il y a une forte probabilité qu’il n’y ait qu’un seul Etat, ni le nôtre, ni le leur, mais un État commun. »
Des intellectuels juifs critiques sont apparus très tôt dans l’histoire du sionisme et leur nombre dépasse de loin les quelques noms souvent cités.
Shlomo Sand, historien israélien, auteur de nombreux ouvrages, revient avec passion sur l’histoire de ces dissidents, apparus très tôt au sein du sionisme, et qu’il appelle plaisamment des « sionistes minimalistes ». Martin Buber et Hannah Arendt en sont les plus connus. Convaincus du bien-fondé d’un foyer juif en Palestine, ils prônaient un nationalisme inclusif et assimilateur et approuvaient le principe du binationalisme, même s’ils étaient divisés sur les moyens d’y parvenir ; toute autre solution plongerait les deux peuples dans d’incessants conflits armés.
En fait, pour l’auteur, les sionistes « libéraux » peuvent bien continuer à bavarder sur deux États pour deux peuples pour soulager leur conscience ; l’imbrication des deux peuples, économique et démographique, rend l’idée obsolète : l’État commun existe déjà.

Deux peuples pour un État ? Relire l’histoire du sionisme, Shlomo Sand, Éditions du Seuil, 256 pages, janvier 2024