Dans le silence assourdissant des médias, 2000 prisonniers palestiniens font la grève de la faim

Bulletin 52, juin 2012

Edito

Depuis le 17 avril, 2000 prisonniers ont entamé une grève de la faim au finish pour

la fin de l’isolement et du confinement solitaire, la fin de la détention administrative, le droit aux visites familiales pour tous les prisonniers, y compris ceux de Gaza et l’accès à l’éducation et à l’information.

Deux prisonniers, Bilal Diab (27 ans) et Taer Halaleh (33 ans), en grève de la faim au finish depuis le 29 février pour protester contre leur détention administrative abusive, sont dans un état critique. Six autres sont également dans un état alarmant au jour d’aujourd’hui (11 mai 2012):  Hassan Safadi, Omar Abu Shalal, Mohammad Taj, Jaafar Azzedine, Mahmoud Sarsak, Abdullah Barghouti.

Pourtant, la Haute Cour a rejeté l’appel de Bilal et Taer jugeant que « les grèves de la faim n’étaient pas un moyen pertinent pour décider de la longueur de la détention administrative ».

En réponse, l’administration des prisons a décidé de sanctionner les grévistes. Certains sont transférés, d’autres sont mis en isolement, d’autres encore se sont vu infliger des amendes par jour de grève, quelques-uns se sont vu confisquer leurs effets personnels (dont les couvertures) et d’autres enfin ont été enfermés dans des containers dans le Néguev où l’écart des températures entre le jour et la nuit est extrême. Dans beaucoup de lieux de détention, le sel nécessaire contre la déshydratation a été purement et simplement confisqué. La visite de médecins indépendants est interdite et-comble du cynisme- les grévistes qui ne peuvent plus se lever ne peuvent rencontrer leur avocat !

Si Richard Falk, rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’Homme dans les Territoires palestiniens occupé, s’est dit écœuré par les violations continuelles des droits de l’Homme dans les prisons israéliennes, ce n’est que tout dernièrement que l’UE s’est fendue d’un communiqué qui n’a rien de téméraire et qui n’est assorti, bien entendu, d’aucune mesure concrète.

Quant à nos médias, ils restent terriblement muets là-dessus. Comme le souligne Alain Gresh, si les 2000 prisonniers étaient russes ou chinois, cela ferait les gros titres de la presse. Mais ici, pour pasticher une chanson de Jean Ferrat, on voit les prisonniers « crier dans un monde immobile ».

Cette grève de la faim est une grève de la dignité ; c’est une forme de résistance ultime qui ressoude la solidarité entre Palestiniens. Les prisonniers combattent l’occupant israélien sur le terrain des droits de l’Homme : où passent donc les défenseurs acharnés de ces droits dès lors qu’il s’agit de la Palestine ?

N’hésitez donc pas à interpeller tant notre ministre des Affaires étrangères que les parlementaires belges et européens pour qu’ils et elles interviennent afin que cessent les détentions arbitraires et que les droits des prisonniers, les Conventions de Genève et les prescrits du CICR soient enfin respectés.

Pierre Galand

Président

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