Le Conseil des Affaires étrangères présidé par Catherine Ashton se réunissait lundi 13 décembre. Au programme, un bilan et des déclarations à l’issue de l’année, et de la présidence belge de l’Union, dont une mise au point sur la situation du processus de paix au Moyen-Orient.
Satisfaisante dans l’ensemble, la déclaration des ministres des Affaires Etrangères des 27 n’en est pas moins une reprise de déclarations préalables. En effet, sur la question des paramètres-clés, principes et sujets d’un futur accord, ils réitèrent les conclusions prises en décembre 2009, c’est-à-dire que l’UE « ne reconnaîtra aucun changement aux frontières qui prévalaient avant 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, si ne sont des changements sur lesquels se sont mis d’accord les parties. Ceci peut inclure des échanges de terres. Une voie négociée doit être trouvée pour résoudre le statut de Jérusalem comme future capitale de deux Etats. L’UE appelle aussi à une solution acceptée, juste, honnête et réaliste du problème des réfugiés. Un accord négocié doit permettre aux deux Etats de vivre côte à côte en paix et en sécurité ». Or depuis décembre 2009, aucune action n’a été prise par l’UE pour pousser à la conclusion d’un tel accord. Au contraire, l’UE assiste sans rien faire à détérioration de la situation des Palestiniens de Jérusalem-Est en proie aux expulsions quotidiennes, à la colonisation accrue dans cette même Jérusalem-Est et en Cisjordanie, soit à la mise en place d’entraves de plus en plus grandes aux processus de paix par Israël.
De même en ce qui concerne Gaza, l’UE reprend ses conclusions de Juin 2010 appelant « à l’ouverture immédiate, durable et inconditionnelle des frontières pour les flux d’aide humanitaires, de biens commerciaux et de personnes de et vers Gaza ». De nouveau rien n’a été fait par l’UE pour pousser à un adoucissement du blocus imposé par Israël et l’Egypte à la Bande de Gaza. Les seules « améliorations » qui ont pu être notées cette année à ce sujet sont dues à des actions citoyennes en ce qui concerne la décision israélienne du 20 juin 2010, et à une sorte de tentative israélienne de diversion pour celle de décembre 2010, la colonisation continuant par ailleurs à plein rendement en Cisjordanie malgré les pressions internationales.
En bref, des déclarations positives, mais également des déclarations supplémentaires. Aucun acte n’a été posé par l’UE pour pousser Israël à respecter les principes émis dans celles-ci. Seule a été posée comme condition au rehaussement de ses relations avec Israël, l’engagement de ce dernier dans un processus de paix avec les Palestiniens. Mais l’absence de rehaussement n’empêche pas pour autant une coopération euro-israélienne intensive, notamment dans le domaine de la recherche, l’UE finançant des entités de recherches et accueillant des étudiants israéliens. Par ailleurs, l’admission d’Israël à l’OCDE – non directement lié à l’UE mais qui en comprend tous les membres – a été perçue comme une récompense à la politique menée par le gouvernement Netanyahou.
La politique européenne semble donc mener un double jeu, s’attachant à de grands principes moraux d’une part, mais cédant aux pressions du marché – et autres – d’autre part.
Pour en savoir plus :
– Conclusions du Conseil européen des Affaires étrangères
- 2010 (en): http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/EN/foraff/118456.pdf
- 2009 (fr) : http://www.consilium.europa.eu/ueDocs/cms_Data/docs/pressData/FR/foraff/111870.pdf
– Bilan de la politique européenne de voisinage vis-à-vis d’Israël en 2009 (en) : http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=MEMO/10/177&format=HTML&aged=0&language=en&guiLanguage=en