Bulletin n°85: LIVRES/FILMS

Lève-toi et tue le premier : L’Histoire secrète des assassinats ciblés commandés par Israël, Ronen Bergman, Editions Bernard Grasset, février 2020, 944 pages.

Une version Grasset Jeunesse existe, réalisée en collaboration avec Johan-Frederik Hel Guedj.

Ronen Bergman est avocat, spécialiste du renseignement, diplômé de l’université de Cambridge, éditorialiste pour Yedioth Aharonot et journaliste au New York Times Magazine.

Avec Lève-toi et tue le premier, Bergman frappe fort. Ce récit fouillé, fruit de huit années d’enquêtes et d’entretiens avec des acteurs de terrain comme avec des hauts dirigeants, amène le lecteur à appréhender au plus près le processus de décision dans un domaine très particulier : celui qui conduit à ordonner la mort, hors de toute procédure légale, d’ennemis de l’Etat d’Israël, avec le risque – très souvent avéré – d’attenter à la vie de personnes innocentes qui ont eu le malheur de se trouver à la mauvaise place au mauvais moment.

Extrait de l’article de Baudouin Loos, « Les assassinats ciblés », paru dans Le Soir du 20 juin 2020.

Le temps qu’il reste, DVD, film franco-israélo-palestinien d’Elia Suleiman, avec Elia Suleiman, Ali Suliman, Saleh Bakri, Sarnar Tanus, langues : arabe et français, sous-titres français, présenté en mai 2009 au Festival de Cannes 2009. 

Elia Suleiman est un acteur et réalisateur palestinien, auteur de “Intervention divine” (2002) et “It must be Heaven” (2019).  

Ce film est le carnet de route d’une famille palestinienne vivant à Nazareth, de 1948 à nos jours.  Le récit couvre quatre périodes; les trois dernières sont essentiellement autobiographiques.

  • durant la guerre de 1948: le grand-père d’Elia, maire de Nazareth, signe la capitulation de la ville selon les conditions imposées par la Haganah;
  • en 1970: Elia est un enfant. La télévision passe des images de la mort de Nasser;
  • en 1980, Elia est adolescent. Sa tante perd la mémoire et son père est mourant;
  • dans la dernière partie, contemporaine, Elia joue son propre rôle. Il veille sa mère qui vit ses derniers jours.

Tout au long, la présence israélienne est lourdement présente et ressentie sous la forme de patrouilles militaires, d’unités d’intervention contre des manifestants,…,jusqu’à la scène finale qui montre le cinéaste sautant par dessus le Mur de séparation érigé par Israël en Palestine.

Justice For Some : Law and the Question of Palestine, Noura Erakat, Stanford University Press, 2019, 352 pages (en anglais)

Noura Erakat est une avocate des droits humains, professeure à l’université américaine George Mason, conseillère juridique à la Chambre des Représentants et avocate des droits des réfugiés palestiniens à l’ONU.

Dans la question palestinienne, la justice est souvent présentée comme une question de droit. Cependant, aucun des défis du conflit israélo-palestinien n’a été résolu par une intervention judiciaire.  Le droit de l’occupation n’a pas arrêté la colonisation. Les lois de la guerre n’ont pas empêché assassinats et destructions lors des offensives militaires dans la bande de Gaza. La solution à deux Etats prônée par les accords d’Oslo est à présent lettre morte. Justice for Some propose une autre manière d’aborder la lutte des Palestinien.nes pour leur liberté. Au siècle passé, le droit a fait plus avancer les intérêts israéliens que ceux des Palestinien.nes. Selon Noura Erakat, cela n’est pas et n’a jamais été inévitable : dans le droit, les changements sont possibles.

Gaza dans la peau, Roman de Selma Dabbagh, Titre original « Out of it », 2012, Editions de l’Aube, Collection aube noire, 2017, traduction  de Benoîte Dauvergne, 360 pages.

Selma Dabbagh est une ancienne avocate des droits humains. Elle est née en Ecosse d’un père palestinien originaire de Jaffa et d’une mère anglaise. Gaza dans la peau est son premier roman.

Le lecteur suit le destin de la famille Mujahed durant plusieurs mois dans la bande de Gaza. C’est un territoire entièrement fermé, aux routes coupées, au bitume arraché, avec partout des bulldozers. Le littoral, avec son lourd trafic d’ânes et de charrettes, est sillonné de sentiers improvisés à même le sable. Énième bombardement. Énième année de blocus qui affame la population. Dans Gaza, ce sont des «milliers d’habitations réduites à l’état d’éraflures sur un os», avec des photos de martyrs affichées sur les arbres, le vacarme des avions à réaction dans le ciel, celui – plus insidieux – des drones et l’effrayant passage des hélicoptères Apache.

Ce roman est noir car la réalité quotidienne du peuple de Gaza est noire.

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