Bulletin 51, mars 2012
Témoignage
Aussi loin que je me souvienne, la division politique a toujours clairement structuré la société palestinienne. Les effets de cette division politique affectent non seulement ma vie, mais aussi celle de tous les Palestiniens et des générations futures.
Depuis des années, la politique en Palestine évolue parallèlement à l’occupation continue du territoire par des armées et des pays étrangers. Les mouvements politiques incarnaient la résistance et se positionnaient clairement contre l’occupation illégale de nos maisons et de nos terres. Par ailleurs, malgré leurs divergences, ils avaient tous un seul message avec un seul objectif : la libération de la Palestine. Leur vision unifiée et leur constance leur a permis de résister à l’occupation de manière non violente.
Après la Première Intifada et la création de l’Autorité palestinienne suite aux des Accords d’Oslo, les politiques palestiniens ont commencé à jouer un plus grand rôle. Et, malheureusement, plusieurs partis politiques ont contribué à la désunion, facilitant ainsi la confiscation et l’expropriation croissante de terres.
Le Fatah et le Hamas sont des organisations politiques connues en Palestine. Ils représentent deux courants et mouvements de pensée politique différents mais ont pour but commun l’unification de la nation palestinienne. Alors que le Fatah a adhéré depuis longtemps à la constitution d’un Etat palestinien via des moyens politiques et diplomatiques, le Hamas, lui, a clairement fait état de son refus de reconnaître Israël vu que c’est une puissance occupante.
Ces approches divergentes ont entrainé la division en Palestine dans la mesure où l’Occident et Israël soutiennent l’Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas et isolent le Hamas, malgré sa victoire aux élections législatives palestiniennes de 2006. Qui plus est, leur division interne a neutralisé les deux factions et a en conséquence affaibli leur pouvoir de négociation dans les négociations – stériles -avec Israël.
A mes yeux, il n’y a pas de résultats substantiels qui auraient une incidence positive sur la population palestinienne. Nous avons été affectés par la division politique depuis des décennies, ce qui a inévitablement entravé le processus de création d’un véritable système démocratique.
Depuis l’accord d’union nationale signé en mai suite à la pression populaire, nous n’avons toujours pas vu d’actions concrètes sur le terrain. Aujourd’hui, les discussions sur la restructuration du gouvernement, l’unité nationale et les élections à venir semblent n’être qu’une autre tactique pour retarder le processus de concrétisation d’un véritable accord. Tandis que la politique palestinienne est dans l’immobilisme et, en définitive, anéantit les espoirs des Palestiniens, Israël crée des faits accomplis sur le terrain dont le résultat est l’apartheid, une réalité actuelle et un problème collectif dans la vie quotidienne des Palestiniens.
Combien de temps faudra-t-il avant que des politiques palestiniens indépendants se rendent compte que c’est la division interne et les conflits d’intérêts qui affectent la vie de millions de Palestiniens, qu’ils soient en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, dans la zone C, à Jérusalem, réfugiés ou dans les territoires palestiniens occupés depuis 1948? C’est la résistance au changement et l’absence d’écoute à l’égard des demandes du peuple qui sont la raison pour laquelle les politiques ne bénéficient d’aucune crédibilité ni de la confiance des citoyens.
Bahia Amro