L’ambassade des Etats-Unis a exigé une enquête sur la façon dont une citoyenne américaine a perdu son œil la semaine dernière au poste de contrôle de Qalandya, après avoir été frappée par une grenade lacrymogène.
Emily Henochowicz, 21 ans, étudiante en art à New York, est arrivée en Israël il y a six semaines en tant qu’étudiante dans le cadre d’un échange, à la Bezalel Academy of Art and Design, à Jérusalem. Elle a participé à un certain nombre de manifestations en Cisjordanie. Lundi dernier, après l’abordage du Marmara Mavi, Henochowicz a pris part à une manifestation au checkpoint de Qalandya avec une douzaine de manifestants. La police des frontières a tiré des grenades lacrymogènes pour disperser la manifestation, dont l’une a frappé Henochowicz au visage. Elle a été emmenée à l’hôpital universitaire Hadassah, à Ein Karem, où elle a subi une intervention chirurgicale. En plus d’avoir perdu son œil gauche, Henochowicz souffre de fractures au visage. Elle est retournée aux États-Unis dans la nuit de samedi pour poursuivre son traitement.
Le père de Henochowicz, un médecin, est originaire d’Israël et elle aussi a la nationalité israélienne.
L’ambassade américaine a été en contact permanent avec la famille. Haaretz a appris que l’ambassade a transmis une demande à Israël pour enquêter sur l’incident. Un militant suédois, Soren Johanssen qui aurait été debout près Henochowicz, a déclaré : « Ils ont tiré de nombreuses cartouches vers nous à un rythme élevé. Deux ont atterri de chaque côté d’Emily, puis la troisième l’a frappée au visage. »
Un autre manifestant, Jonathan Pollak, a déclaré que la police des frontières avait intentionnellement visé les manifestants.
Toutefois, une enquête interne par la police des frontières indique que la grenade lacrymogène a frappé un mur, puis a ricoché vers Henochowicz. Une déclaration du porte-parole de la police des frontières a affirmé : « L’enquête menée par l’armée israélienne a montré que les forces ont opéré sur le site de façon impeccable et ont utilisé des moyens conformes à la procédure. Il n’y a pas eu de tir direct dans l’incident. »
Une déclaration du ministère des Affaires étrangères a déclaré : « L’incident est connu. Nous n’avons pas reçu de demande officielle des Américains sur cette question. Nous sommes dans un dialogue très ouvert et efficace avec eux au sujet de l’incident. »
L’avocat de Henochowicz, Michael Sfard a exigé hier que le département de police de « Judée-Samarie » [terminologie utilisée par l’occupant pour la Cisjordanie, ndt] (qui enquête sur l’utilisation présumé criminelle d’armes par les gardes frontière en Cisjordanie) ouvre une enquête. « Selon les témoignages que j’ai commencé à recevoir, le tir était proche et la visait directement, si cela est exact, c’est clairement un acte criminel dont les intéressés doivent répondre. Ma cliente et sa famille m’ont autorisé à dire qu’ils exigent que sa blessure inutile soit l’objet d’enquêtes approfondies et que nous n’épargnerons aucun effort pour veiller à ce que les forces de l’ordre accomplissent leur devoir dans cette affaire », a écrit Sfard dans sa demande.
Par Levinson Chaim, Ha’aretz
traduction : Julien Masri