Pour le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, comme pour une majorité d’Israéliens, la population palestinienne est une population hostile dont tous les membres, mineurs ou adultes, femmes ou vieillards, sont présumés coupables. Tout geste jugé déplacé à l’égard de l’occupant israélien est considéré comme un acte de terrorisme.
Ce n’est ni à l’armée, ni à la police, ni aux procureurs de démontrer sa culpabilité, c’est au Palestinien de prouver son innocence… S’il n’est pas contraint d’avouer sous la torture, il subira le chantage sur ses proches ou l’emprisonnement administratif.
Depuis 1967, parmi les Palestiniens qui ne furent pas forcés à l’exil lors de la Nakba, 850 000 d’entre eux sont passés par la case prison israélienne. Aujourd’hui, ils sont ainsi 6 300 dont 458 purgent des peines d’emprisonnement à vie et 459 des peines de plus de 20 ans.
Cest la courageuse association israélienne B’Tselem (Centre d’information pour les droits de l’Homme dans les territoires occupés) qui relève ces chiffres. Elle assure le suivi de toutes les pratiques de l’occupant contraires aux normes internationales de droit. Je vous invite à lire « Enfances brisées », le rapport réalisé en avril 2016 et publié par la plate-forme des ONG françaises pour la Palestine avec l’appui de la Ligue des droits de l’Homme et l’Association chrétienne contre la torture (ACAT). Ce rapport dénombre 8 000 enfants détenus depuis l’année 2000 par les forces d’occupation israéliennes.
L’héroïsme du peuple palestinien, c’est celui de ces résistants, de ces prisonniers politiques qui subissent dès leur plus jeune âge des arrestations arbitraires et répétées, des jugements iniques et sans fondement, des peines d’emprisonnement injustifiées.
J’ai bien connu l’un d’entre eux, condamné à plusieurs peines de prison à vie, et manifesté avec lui : mon ami Marwan Barghouti, emprisonné voici déjà 17 ans (il a été capturé en avril 2001).
Homme remarquable, combattant pour la juste cause de son peuple, il est comparé à juste titre à Nelson Mandela. Une responsable israélienne du parti travailliste à laquelle je faisais part de l’appel international pour sa libération a eu le culot de me répondre que l’emprisonner, c’était le protéger !
Est-ce aussi pour le protéger que la justice israélienne vient de prolonger de 4 mois renouvelables l’incarcération, depuis le 23/07/2017, de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri ? On peut en outre s’interroger légitimement sur la réalité des efforts tentés par le gouvernement français pour le faire libérer.
Et que dire de l’incarcération de la jeune Ahed Tamimi, devenue l’icône des jeunes résistants palestiniens ? Sans doute paye-t-elle l’audace des habitants de Nabi Saleh, qui manifestent chaque semaine contre l’occupation et la colonie juive de Halamish implantée face à leur village. Manifester les mains nues, pacifiquement, en Palestine occupée, lui vaut d’être sous le coup de 12 chefs d’accusation. La « justice » israélienne maquille ainsi les manœuvres d’intimidation exercées par son armée contre des civils palestiniens.
En cette année commémorative des 70 ans de la Nakba, mobilisons-nous pour la libération de tous les prisonniers palestiniens incarcérés par Israël, Etat colonial et occupant, violateur des droits les plus élémentaires des Palestiniens.
C’est l’historien spécialiste du fascisme, le professeur Zeev Sternhell (1) qui, dans une tribune du Monde de ce 19 février, reprise quelques jours plus tard par la Libre Belgique, s’est lancé dans une comparaison inquiétante : face à la dérive du nationalisme israélien, il rapproche le sort des juifs sous le pouvoir des nazis avant la seconde guerre mondiale de celui des Palestiniens en Israël aujourd’hui. Il déclare : « En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou et son ministre de la Défense Avigdor Lieberman, soutenus par Trump, usurpent les qualités de chef et de ministre d’un Etat démocratique car ils ont recours à des discours et des pratiques populistes liberticides ainsi qu’à des menaces et manœuvres bellicistes irresponsables. Ils sont une catastrophe non seulement pour le peuple palestinien mais, plus largement encore, pour Israël et la coexistence pacifique au Proche et Moyen-Orient. Il est urgent que nos gouvernants et les responsables européens réagissent en conséquence.
(1) Le prof. Zeev Sternhell est membre de l’Académie israélienne des sciences et lettres et enseignant à l’université hébraïque de Jérusalem : http://www alterinfo.net / Zeer-sternhell-en-Israel-pousse-un racisme-proche-du-nazisme-a-ses-début_a136589.htm
par Pierre Galand, Président de l’ ABP