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– Ce qui est frappant, tout d’abord, c’est le poids des personnes qui sont sans « grille de lecture » claire du conflit israélo-palestinien et qui ne se prononcent pas ou bien qui disent « dos à dos » ou bien encore « impartialité » des positions françaises ou internationales. Il faut cependant nuancer cette donnée. En effet, au minimum 20% des Français semblent n’accorder aucun intérêt manifeste au sujet. Ce qui est vrai au demeurant de tous les sondages indépendamment du sujet. Sur ce sondage ce taux étant toutefois sensiblement supérieur parmi la jeunesse (35% environ).
Il convient donc de soustraire ce chiffre de 20% au minimum de tous les résultats pour avoir une opinion réelle sur l’étendue du « flou » ou non qui domine les esprits. La question qui attire une réponse très claire est celle de la nécessité de créer un Etat palestinien pour résoudre le conflit. Ils sont 22% à ne pas se prononcer (ce qui confirme le besoin de soustraire au moins 20%) tandis que 70% considèrent que ce « serait la meilleure solution au conflit israélo-palestinien ». C’est considérable. C’est le droit international. Et cette idée traverse tous les courants politiques de gauche (74%) comme de droite (84%). Seul bémol très étonnant, les électeurs « répertoriés » NPA-LO ne sont que 56% à soutenir cette idée.
Les personnes qui ont une idée claire sur le sujet, c’est le second fait significatif, sont par contre particulièrement nettes sur les responsabilités des uns et des autres. Ils sont 4 fois plus nombreux à considérer que les Israéliens sont responsables de la situation, ils sont 5 fois plus nombreux à estimer que la communauté internationale apporte un « trop grand soutien » à Israël et 2 fois plus nombreux que ceux qui pensent l’inverse à estimer que les autorités françaises sont « plutôt favorables aux Israéliens ».
Le clivage gauche-droite étant cependant plus net sur ces points : à gauche on met plus en relief le fait qu’Israël est ou responsable ou plus soutenue que les Palestiniens qu’à droite. Mais le différentiel entre les deux n’est cependant pas comparable à un fossé. Il y a comme un « consensus » sur ces points parmi les personnes qui ont une idée affirmée sur le sujet.
Sur ce qu’on appelle la campagne « BDS » il y a une immense méconnaissance du sujet (62% disent ne pas connaître cette campagne, étant entendu que ceux qui se prononcent « pour » ou « contre » ne sont pas nécessairement au courant). Il faut cependant noter que le nombre de ceux qui pensent que c’est une bonne chose est quasiment identique à ceux qui pensent que c’est une mauvaise chose (20% contre 18%).
Ce sont parmi ceux qui sont pour la création d’un Etat palestinien qu’on trouve le chiffre le plus élevé d’opinions positives (26%) et plus encore parmi ceux qui considèrent que les Israéliens sont « plutôt responsables » de la non-solution du problème (46%). Le clivage gauche-droite s’établissant à 26% pour cette opinion à gauche contre 18% à droite mais dans ces 18% le poids du Front national est élevé. Les jeunes entre 18 et 24 ans ne sont que 12% à y être favorable, 18% étant contre et 70% n’ayant pas entendu du tout parlé de cette campagne contre 62% pour l’ensemble de la population.
De cet ensemble il ressort plusieurs points politiques majeurs.
Tout d’abord il y a de toute évidence un champ immense à investir pour sensibiliser nos compatriotes sur cette question qui est véritablement une question clé, dépassant le conflit israélo-palestinien stricto sensu, pas « internationale » en quelque sorte, en ce que ce conflit est porteur de risques sérieux pour la stabilité régionale au Moyen-Orient et la paix mondiale. En second lieu, on peut noter que la responsabilité non seulement israélienne mais aussi internationale et française est critiquée et elle est aussi contreproductive s’agissant de leur positionnement vis-à-vis des acteurs du conflit. Cela devrait alerter, pour en tirer toutes les conséquences en termes d’action diplomatique. Enfin, outre l’effort considérable à produire parmi la jeunesse, notamment celle des banlieues, on notera que la campagne dite « BDS » n’en est véritablement qu’a son commencement pour les promoteurs de celle-ci. Il y a beaucoup de travail politique à produire sur toutes ces questions, ce qui ne peut manquer d’interpeller sérieusement une association comme la notre qui vise à contribuer, par la mise en mouvement plus que jamais nécessaire des citoyennes et des citoyens, à une paix juste et durable au Proche-Orient sur la base du droit international, en particulier pour la création d’un Etat palestinien vivant à côté d’un Etat israélien.
Jean-Claude Lefort
Président
Association France Palestine Solidarité :
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