Meurtre de 2 100 nourrissons à Gaza : L’aspect le plus sanglant du génocide

L’armée israélienne a tué 2 100 nourrissons et de jeunes enfants palestiniens de moins de deux ans, sur les quelque 17 000 enfants tués dans la bande de Gaza depuis le début de son génocide le 7 octobre 2023.

Communiqué de l’ONG Euro-Med Human Rights Monitor

Le nombre d’enfants palestiniens – qu’il s’agisse de nourrissons ou d’enfants en général – tués par l’armée israélienne est effrayant et le rythme auquel ils sont tués est sans précédent dans l’histoire des guerres modernes. Il s’agit également d’une tendance dangereuse fondée sur la déshumanisation des Palestiniens de la bande de Gaza. L’armée israélienne prend pour cible les Palestiniens et leurs enfants quotidiennement, méthodiquement et largement, de la manière la plus odieuse et la plus brutale qui soit, et ce pratiquement sans interruption durant dix mois consécutifs.

En raison des bombardements israéliens sur les maisons, les bâtiments, les quartiers résidentiels, les centres d’hébergement et les tentes pour personnes déplacées, de nombreux enfants ont été décapités ou ont perdu des membres. Il s’agit là d’une violation flagrante des règles de distinction, de proportionnalité et de nécessité militaire, c’est-à-dire de l’obligation légale et morale de prendre les précautions nécessaires pour minimiser la mort de civils et d’enfants.

Le mardi 13 août, l’équipe de terrain d’Euro-Med Monitor a documenté l’assassinat des jumeaux Aser et Aysal Muhammad Abu al-Qumsan, âgés de quatre jours. Ils ont été tués ce matin, avec leur mère Juman et leur grand-mère, lors d’un bombardement israélien qui a visé un appartement résidentiel à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.

Malgré ses capacités technologiques avancées, l’armée israélienne cible les maisons et les centres d’hébergement en sachant pertinemment qu’ils abritent des civils, y compris des femmes et des enfants.

Après avoir quitté l’appartement pour obtenir un certificat de naissance pour ses deux nouveaux-nés, le père des nourrissons est revenu pour découvrir que tous les membres de sa famille, y compris la grand-mère des jumeaux, avaient été tués lors d’une frappe israélienne sur l’immeuble.

ciblage systématique, généralisé et répété des civils

Malgré ses capacités technologiques avancées, l’armée israélienne cible les maisons et les centres d’hébergement en sachant pertinemment qu’ils abritent des civils, y compris des femmes et des enfants. De surcroit, elle bombarde ces cibles avec des bombes et des missiles extrêmement destructeurs, dans le but de causer le plus grand nombre possible de morts et de blessés graves parmi les civils. Cela est démontré par le ciblage systématique, généralisé et répété des civils dans la bande de Gaza, ainsi que par l’utilisation d’armes avaugles et hautement destructrices, en particulier contre les zones à forte densité de population civile.

Le cas des deux bébés Aser et Aysal n’est pas unique : des cas d’enfants victimes, y compris des nourrissons, sont signalés quotidiennement dans la bande de Gaza.

L’un des témoignages les plus marquants est celui d’Abdul Hafez Al-Najjar, 42 ans, père d’un enfant prénommé Ahmed, qui a fait partie des nombreuses victimes d’un massacre israélien le 26 mai. Ce massacre visait des personnes déplacées vivant sous des tentes dans la zone de Barksat, à l’ouest de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Ahmed, ainsi que trois de ses frères et leur mère, faisaient partie des nombreuses autres victimes qui ont toutes été décapitées. Le père d’Ahmed a déclaré à l’équipe d’Euro-Med : “Mon enfant Ahmed était très beau. Il avait un an et demi. Il a été décapité lors du bombardement israélien. Sa tête a été séparée de son corps. Quand je l’ai vu, j’ai été bouleversé. Il a été enterré sans sa tête. »

Selon l’équipe d’Euro-Med Monitor, une frappe aérienne israélienne sur le quartier Al-Salam de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a tué deux bébés jumeaux le 3 mars. Wissam et Naeem Abu Anza, âgés de six mois, ont succombé, ainsi que leur père et 11 autres membres de la famille.

La mère de Wissam et de Naeem, Rania Abu Anza, a déclaré qu’elle s’était battue durant dix ans pour devenir mère avant de donner naissance aux deux bébés. “On m’a implanté trois embryons, dont deux sont restés et les voilà”, a-t-elle expliqué. “Ils ont bombardé la maison, tuant mon mari, mes enfants et le reste de la famille dans le massacre. » Il y a dix jours, cela faisait six mois que les jumeaux étaient décédés.

Shaimaa Al-Ghoul, quant à elle, était enceinte de neuf mois lorsque sa maison de Rafah, dans le sud du pays, a été bombardée le 12 février. Son mari et ses deux fils, Mohammed et Janan, ont été tués et elle a été blessée par des éclats d’obus qui ont pénétré dans son abdomen, percé son utérus et se sont finalement logés dans le fœtus.

Mme Al-Ghoul a déclaré qu’avant la mort de son mari et de ses deux enfants, son mari, Abdullah Abu Jazar, lui avait préparé “des dattes, des bonbons et un sac [cadeau] pour fêter l’arrivée de son nouveau-né”. Elle a déclaré avoir donné naissance à un enfant, qu’elle a appelé Abdullah, en hommage à son père, mais le garçon n’a vécu qu’un jour. Le bébé Abduallah est mort des suites de la blessure causée par l’éclat d’obus qui avait pénétré dans sa mère. Mme Al-Ghoul a ainsi perdu son mari et ses trois enfants

Selon le sens donné à la description des actes génocidaires à l’article 2 de la Convention pour la prévention du crime de génocide, il ne fait aucun doute que les meurtres systématiques et généralisés de civils palestiniens par Israël, qui représentent au moins 92% du nombre total de décès dus au génocide, auront un impact négatif sur les taux de croissance démographique et la capacité de reproduction des Palestiniens de la bande de Gaza pour les générations à venir.

Euro-Med Monitor note que de nombreux enfants prématurés sont morts dans les hôpitaux au cours des dix derniers mois en raison dela rupture de fourniture d’oxygène et d’électricité, de l’insuffisance des soins et du ciblage des hôpitaux par l’armée israélienne.

Mort de nombreux bébés prématurés

Israël continue de tuer des milliers d’hommes et de femmes palestiniens dans la bande de Gaza, la plupart en âge de procréer, y compris des femmes enceintes, et des milliers d’enfants, y compris des nourrissons et des enfants en bas âge. Selon le sens donné à la description des actes génocidaires à l’article 2 de la Convention pour la prévention du crime de génocide, il ne fait aucun doute que les meurtres systématiques et généralisés de civils palestiniens par Israël, qui représentent au moins 92% du nombre total de décès dus au génocide, auront un impact négatif sur les taux de croissance démographique et la capacité de reproduction des Palestiniens de la bande de Gaza pour les générations à venir. Environ 50 000 Palestiniens, dont des milliers piégés sous les décombres depuis suffisamment longtemps pour être présumés morts, ont été tués par Israël depuis le 7 octobre. En outre, 88 000 autres Palestiniens ont été blessés par Israël depuis cette date. Ces morts et ces blessés affecteront sans aucun doute la démographie des Palestiniens en tant que groupe national et ethnique durant plusieurs générations.

Chaque jour, des décès de nourrissons sont signalés dans la bande de Gaza comme étant le résultat direct des crimes israéliens qui sont légalement classés comme des actes de génocide, en ce compris la famine, la soif, le blocage de l’entrée de fournitures de base comme le lait et la privation de soins médicaux. La majorité de ces décès infantiles ne sont pas inclus dans le décompte officiel des victimes publié par le ministère palestinien de la Santé car il n’existe pas de système spécifique pour enregistrer ces victimes.

En raison du crime de génocide perpétré par Israël depuis dix mois, les enfants palestiniens de la bande de Gaza sont privés de leurs droits fondamentaux et ne bénéficient d’aucune protection qui leur est normalement reconnue en vertu du droit international. Ils sont devenus des cibles principales, directes et délibérées de l’armée israélienne et ont même fait l’objet de meurtres prémédités et d’exécutions directes

Outre leur détention arbitraire, les enfants palestiniens ont également été victimes d’agressions sexuelles, de disparitions forcées, de torture et d’autres formes de traitements inhumains, de famine, de siège, de graves préjudices psychologiques, de privation d’éducation en raison de la destruction généralisée des écoles et de refus d’accès aux soins de santé et à d’autres besoins vitaux. De nombreux enfants palestiniens sont également victimes de la dispersion de leur famille et ont perdu la protection de leurs parents.

Des traces durables sur les victimes

L’un des principaux objectifs du génocide israélien est de laisser une trace durable de ces crimes qui affectera les victimes pour le reste de leur vie. La majorité des enfants palestiniens de la bande de Gaza ont subi des traumatismes psychologiques qui seront probablement difficiles à traiter : Des milliers d’enfants ont perdu un ou leurs deux parents, ont été amputés d’un membre, ont subi de graves brûlures ou d’autres blessures sérieuses et/ou ont souffert de la faim, de la malnutrition et de la déshydratation, ce qui aura un impact négatif sur leur développement physique et psychologique.

La communauté internationale doit agir rapidement et de manière décisive pour mettre fin au crime de génocide, protéger la vie de tous les enfants palestiniens de la bande de Gaza, empêcher Israël de transformer la bande de Gaza en le plus grand cimetière d’enfants de l’histoire moderne

La plupart des enfants de la bande de Gaza ont perdu leur maison, leur sécurité financière et des membres de leur famille, en plus d’être privés d’éducation. Cette situation aura des conséquences d’une grande portée sur leur avenir et leur capacité à jouir de leurs autres droits, les rendant plus vulnérables à la pauvreté, au chômage et à l’exploitation. Les attaques militaires israéliennes sur la bande de Gaza ont entraîné la destruction massive de biens civils, notamment de maisons, de propriétés privées, de moyens de subsistance, de moyens de production et du système économique et commercial contraignant, directement ou indirectement, les Palestiniens à l’exil.

La communauté internationale doit agir rapidement et de manière décisive pour mettre fin au crime de génocide, protéger la vie de tous les enfants palestiniens de la bande de Gaza, empêcher Israël de transformer la bande de Gaza en le plus grand cimetière d’enfants de l’histoire moderne et mettre fin à la politique de deux poids deux mesures appliquée à Israël et à ses puissants soutiens et alliés occidentaux.

Israël et ses bailleurs de fonds doivent être tenus pour responsables de la violation flagrante du droit humanitaire international qui consiste à tuer et prendre pour cible des enfants palestiniens et à leur refuser l’accès à la nourriture, au logement, aux vêtements et à l’assistance médicale, en ce compris les vaccinations, comme le prévoient les conventions de Genève et leurs deux protocoles de 1977 – des protocoles qui devraient leur permettre d’exercer leurs droits.

Traduit de l’anglais par Ouardia Derriche pour l’ABP. Texte original paru le 14 août sur euromedmonitor.org

Top