Alors qu’il semble que le Centre Universitaire de Samarie (CUS), l’institut d’enseignement supérieur basé dans la colonie d’Ariel en Cisjordanie, se verra élevé du statut de collège à celui d’université, une opposition publique à ce changement s’est élevé au sein du milieu universitaire israélien.
Divers chefs d’établissements universitaires en Israël ont exprimé une forte opposition, pour différents motifs. Certains ont parlé de préoccupations financières – comme le chef de l’Institut Weizmann qui a dit: « Il sera intéressant de voir si l’ajout d’une université ira de paire avec un budget accru pour l’enseignement supérieur ».
Alors que d’autres ont déjà résisté à ce rehaussement sur base du fait qu’Ariel est une colonie de Cisjordanie, il existe aussi une préoccupation exprimée aujourd’hui par le Président de l’Université hébraïque, qui a averti que « c’était un risque stratégique pour l’Etat », et que par l’octroi à Ariel du statut d’université « nous mettons en danger le prochain prix Nobel».
Les conséquences concernent ici la réputation internationale du monde universitaire israélien, et la question du boycott. Plus tôt ce mois-ci, la présidente du Meretz Zahava Gal-On s’inquiétait en des termes similaires du fait que «ceux qui veulent transformer [CUS] en une université sont à eux seuls en train de provoquer un boycott universitaire contre nous ».
Les professeurs qui ont signé une pétition contre le rehaussement ont approuvé une déclaration qui considère que la nouvelle université se traduira par « une identification inévitable entre toute la communauté universitaire israélienne et la politique de colonisation et d’occupation ». Dans le contexte des « liens entre le monde universitaire israélien et nos homologues du monde entier », cette identification de « l’université israélienne toute entière à la politique de colonisation la placera en grave danger ».
Une des opinions les plus intéressantes au sujet du scandale d’Ariel a été écrite par Sara Hirschhorn dans le Times of Israel, qui tout en faisant un cas du fait qu’on « accueille » le CUS, dénonce l’hypocrisie de ceux qui veulent faire croire que les universités israéliennes ne sont pas déjà complices.
Deuxièmement, l’idée que la création d’un établissement d’enseignement supérieur dans les territoires occupés va fondamentalement réaligner les universités de recherche d’Israël avec l’occupation est une chimère. Bien qu’il soit plus confortable pour certains universitaires israéliens et de la diaspora juive de croire qu’une sorte de cordon sanitaire sépare le savoir des colonies – entre les halls de l’Université hébraïque et la crise des droits humains à Hébron – il s’agit d’une représentation inexacte de la réalité israélienne. La nation entière est complice de l’occupation, et il n’y a pas de refuge dans les bibliothèques et les laboratoires qui se trouvent au sein de la Ligne verte. Que ce soit le dollar de recherche consacré à l’algorithme de sécurité, le devoir du professeur servant en tant que réserviste dans les territoires, ou même les snacks Bagel&Bagel (produit à Ariel!) achetés dans une cafétéria, le réseau éducatif d’Israël – quelles que soient les positions politiques de la faculté – est déjà inscrit dans l’occupation. Pourtant, les membres de ce groupe continuent à prétendre que, tant que CUS n’existe pas, leurs propres réputations restent intactes.
Pour en savoir plus sur les liens entre les institutions universitaires israéliennes et les violations des droits de l’homme, voir cet excellent rapport de 2009 (AIC): «Le boycott académique d’Israël et la complicité des institutions universitaires israéliennes dans l’occupation des territoires palestiniens ».
Ben White
Source : Blog de Ben White sur Electronic Intifada, 27 juin 2012.
Trad. : NJO