Les réfugiés palestiniens dans la révolution syrienneActualités 5 juin 2013Bulletin 56, juin 2013Les réfugiés palestiniens de Syrie sont ici traités en dehors de la population syrienne parce que l’ABP a pour objet social la Palestine. Cela ne signifie absolument pas que l’on oublie la population syrienne qui souffre depuis deux ans déjà des massacres et des bombardements meurtriers. Quelques chiffresRéfugiés palestiniens : 525 000 (UNRWA, 2013)Nombre de camps : 9 officiels, 3 officieuxTués : 960 (février 2013)Déplacés en Syrie : 241 000 (UNRWA)Re-réfugiés (début 2013) : 6 000 (Jordanie), 20 000 (Liban), ? (Turquie), 10 000 (Egypte), 110 familles (Gaza) Statut des réfugiés en SyrieDe tous les pays qui ont accueilli des réfugiés palestiniens, la Syrie est celui qui leur a assuré le meilleur traitement : une loi (1956) stipule qu’ils ont les mêmes droits que les Syriens de souche en matière de travail, de commerce et de service militaire, tout en conservant leur nationalité d’origine. Néanmoins, ils n’ont pas le droit de vote et ne peuvent acquérir de terres agricoles ni posséder plus d’une . Outre l’UNRWA, ils sont soutenus par la General Authority of Palestinian Arab Refugees in Syria (GAPAR), un organisme gouvernemental chargé de l’enregistrement des réfugiés, de la fourniture de l’aide humanitaire et de la distribution des subsides. Les problèmes commencentAu début de la révolte contre Bachar Al Assad, les Palestiniens de Syrie ont voulu rester neutres. Mais très vite, le régime les a accusés d’être à l’origine des manifestations de Deraa (2011) et lors du siège de la ville (avril 2011), le camp de réfugiés qui fournissait une aide humanitaire à des familles syriennes en fuite a été bombardé. De même, plus tard celui de Latakia en août 2012. Ce fut le tour, ensuite, du camp d’Al Yarmouk. En juillet, 16 jeunes gens de l’armée de libération de la Palestine ont été kidnappés et tués. Durant ces événements, les camps avaient accueilli et aidé des familles syriennes en détresse. La position des partis palestiniensAprès le silence, la plupart des partis sont restés prudents dans leurs déclarations. Sauf le FPLP qui soutient le régime, ce qui a d’ailleurs causé des clashs dans les rangs des réfugiés. Le Fatah, faible en Syrie, est resté neutre. Quant au Hamas, après avoir fermé son siège à Damas, il a finalement affirmé le 30/09/2012 son soutien au peuple syrien dans sa lutte contre le régime. L’OLP, enfin, invoque la neutralité des réfugiés palestiniens et maintient le contact avec les officiels syriens pour tenter de limiter les dégâts. Réfugiés deux fois et discriminés Pris dans la tourmente, beaucoup de réfugiés ont été déplacés tandis que d’autres ont fui les combats pour aller le plus souvent au Liban, en Jordanie, en Egypte, en Turquie et même à Gaza. La plupart de ces pays accueillent les réfugiés syriens avec réticence mais, pour les réfugiés palestiniens, le problème est encore plus compliqué. Pour entrer au Liban, tout Palestinien doit payer entre 20 et 30$ pour un visa d’une semaine et le double pour un mois alors que les Syriens bénéficient d’un visa de 6 mois sans frais. Quant à la Jordanie, si elle a d’abord accepté l’entrée des réfugiés palestiniens, maintenant, elle les renvoie en Syrie. Les réfugiés palestiniens sont automatiquement détenus à Cyber City. En Egypte, l’UNRWA n’a jamais disposé que d’un bureau de liaison, ce qui ne lui permet pas d’assumer la charge de ces nouveaux réfugiés et, comme Le Caire refuse que le HCR les prenne sous sa tutelle, les réfugiés palestiniens de Syrie y sont complètement démunis. Et la Turquie ? La Turquie considère tous les réfugiés comme des « invités » : ils n’ont aucun document officiel mentionnant leur statut de réfugiés ou de demandeurs d’asile et pas davantage de permis de séjour. Ils sont hébergés dans des camps fermés et n’ont pas la possibilité de s’inscrire comme réfugiés auprès du HCR. Quant aux réfugiés palestiniens, ils ont besoin d’un visa pour entrer. L’UNRWA, de son côté, n’a pas assez de ressources pour parer à la situation… Marianne Blume Share on Facebook Share Share on TwitterTweet Share on LinkedIn Share Send email Mail Print Print