Le Forum social mondial Palestine libre

Bulletin 55, mars 2013

L’idée en est née lors du Forum social mondial à Dakar en 2011. Grâce à l’implication d’une triple coordination, palestinienne, brésilienne et internationale, le projet a petit à petit pris corps. Il a abouti à l’organisation, du 28 novembre au 1er décembre dernier, du 1er Forum social mondial Palestine libre à Porto Alegre. L’Association belgo-palestinienne (ABP) et la Coordination européenne des comités et associations pour la Palestine (ECCP) y étaient.

La Palestine à l’heure brésilienne

 

Le 28 novembre est consacré aux quelques formalités à remplir ;, les choses sérieuses ne commencent réellement que le lendemain. La date est symbolique puisque le 29 novembre a été choisi par l’Assemblée générale des Nations Unies comme journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien et fait référence au 29 novembre 1947, date de l’adoption de la résolution sur le plan de partage de la Palestine. La même date a également été choisie par Mahmoud Abbas pour introduire la demande de reconnaissance de la Palestine comme Etat observateur non-membre aux Nations Unies. A Porto Alegre, une grande manifestation marque le début du Forum. Par 30°C, des délégations du monde entier marchent ensemble dans les rues de Porto Alegre pour exiger une Palestine libre.

 

La jungle des ateliers

 

Mais le cœur du Forum, ce n’est pas la manifestation, ce sont les ateliers. Pendant trois jours, chacun trace sa route à travers les innombrables ateliers de discussion, 125 au total, qui se tiennent un peu partout et jusque dans des salles parfois bien cachées dans le dédale d’un bâtiment, et abordent les problématiques les plus diverses.
Lors d’un atelier consacré au Tribunal Russell, de nombreux participants ont exprimé leur volonté de lancer de pareilles initiatives dans leurs pays, que ce soit un tribunal sur les liens entre Israël et l’Amérique du Sud en Argentine, ou sur les accords d’Oslo en Norvège. Cet atelier était d’autant plus intéressant qu’il était animé par Ronnie Kasrils, ancien ministre sud-africain et militant anti-apartheid, membre du jury du Tribunal Russell sur la Palestine. Dans un autre atelier, les participants examinaient les liens entre la situation des Palestiniens et la discrimination raciale aux Etats-Unis. On ne réfléchissait finalement pas que sur la Palestine dans ce Forum. Dans un troisième atelier, on pouvait entendre parler d’expériences de campagnes BDS réussies en Europe et ainsi récolter d’utiles recommandations pour élaborer la stratégie d’une campagne.

 

Se rencontrer, échanger, se coordonner, s’inspirer d’expériences réussies, s’informer… C’était tout cela, le Forum Social !

 

Un Forum aux objectifs divers

 

Le mois précédant le Forum, la bande de Gaza est à nouveau l’objet de frappes aériennes israéliennes intensives. L’opération Pilier de défense rappelle l’horreur de Plomb durci, mais également le fait qu’Israël n’a finalement pas endossé ses responsabilités dans les crimes de guerre et contre l’humanité établis par le rapport Goldstone. Un des objectifs poursuivis par les organisateurs du Forum était justement d’améliorer les stratégies pour obliger Israël à rendre des comptes. Comment utiliser pour cela le droit international ? Quels types d’actions mener ? Comment se coordonner utilement pour peser sur l’agenda politique mondial ?

 

La coordination et de l’unité du mouvement de solidarité avec la Palestine était la question centrale durant tout le Forum. L’accent était mis sur la campagne BDS comme moyen de lutte pour les droits des Palestiniens. Les échanges de bonnes pratiques, mais aussi de contacts entre les organisateurs de différentes campagnes renforceront à coup sûr le mouvement dans les mois et années à venir. Le Forum était surtout destiné à élargir l’assise du mouvement BDS et de la solidarité avec la Palestine en général dans certains pays.

 

Le fait que le FSM Free Palestine soit organisé au Brésil n’est pas anodin. L’implication de la Centrale des travailleurs unis (CUT), ainsi que du Mouvement des sans-terre et de la Via Campesina, dans l’organisation du Forum a montré le potentiel de mobilisation de ces mouvements sur la question de la Palestine. Le renforcement des réseaux de solidarité en Amérique du Sud était un des défis majeurs de la rencontre de Porto Alegre. Jusqu’à présent, de nombreux mouvements étaient actifs pour la Palestine, mais il n’existait pas de coordination et les groupes de militants ont peu de connexions entre eux.

 

Est-ce que le Forum aura réussi à remédier à ces manques ? Seul l’avenir nous le dira.

 

Nathalie Janne d’Othée

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