Israël a levé mercredi son bouclage de la Cisjordanie et rouvert l’esplanade des Mosquées de Jérusalem au public, mais la police restait en état d’alerte dans la Ville sainte au lendemain de violents heurts avec les Palestiniens, les plus importants depuis des années. “Personne ici ne parle d’une troisième Intifada. Il y a eu mardi quelques foyers de violence à Jérusalem et nous avons ramené l’ordre”, s’est félicité le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld. Selon lui, 3000 policiers sont maintenus en état d’alerte à Jérusalem, “plus particulièrement dans le secteur oriental” annexé de la ville, pour parer à toute nouvelle flambée de violence. Les médias israéliens craignent un possible regain de tension vendredi à l’issue des traditionnelles prières musulmanes. D’autant que le mouvement islamiste Hamas a renouvelé mercredi son appel au soulèvement populaire, pour défendre Jérusalem et lutter contre sa “judaïsation” par Israël.
Le retour à un calme précaire survient au lendemain d’une “journée de la colère” dans les territoires palestiniens, marquée par des affrontements dans un climat de tensions politico-religieuses. La colère reste perceptible. Pour lutter contre l’essor des colonies israéliennes, le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a lancé une campagne de boycottage de leurs produits qui se traduit par la saisie et la destruction de centaines de tonnes de marchandises. “Il est de notre devoir de surveiller et saisir tous les produits venant des colonies, conformément à la décision du gouvernement”, explique Fadi Abou al-Qourn, un officier des douanes palestinien à Ramallah. “Ce travail est en train de porter ses fruits car nous avons confisqué des centaines de tonnes de produits”, assure-t-il, en présentant des caisses de vin, d’huile d’olive et d’autres produits de colonies juives destinés au marché palestinien.
L’autorité palestinienne, qui a lancé cette campagne fin 2009, a placé des affiches à l’entrée de Ramallah exhortant tous les Palestiniens à y prendre part : “Ne détruisez pas les camps de réfugiés en construisant des colonies”, proclament-elles. Elle a également créé un site internet en arabe et en anglais sur lequel les produits boycottés sont décrits. De leur côté, les douanes sont chargées de saisir tout ce qui vient des implantations israéliennes. Selon M. Abou al-Qourn, les commerçants palestiniens ont dans un premier temps refusé de coopérer “mais, après un certain temps, ils ont compris pourquoi ces produits étaient visés”.
Près d’un demi-million d’Israéliens vivent dans plus de 120 colonies établies par Israël en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée. Certaines sont devenues de petites villes avec leurs quartiers résidentiels et des zones industrielles. Les Palestiniens craignent qu’elles n’entravent l’établissement d’un Etat indépendant et viable. C’est la raison pour laquelle l’Autorité palestinienne insiste sur un gel de la colonisation avant de retourner à la table des négociations. La campagne de boycottage lancée par Salam Fayyad, qui supervise régulièrement la destruction de produits, fait partie de son projet d’établir les institutions d’un Etat palestinien d’ici à la mi-2011.
“Le boycottage ne va pas exercer de pression sur les colonies mais sur les Palestiniens de Cisjordanie, ceux qui travaillent dans les colonies”, où sont employés des milliers de Palestiniens, estime Anwar Ali Ramal, un Druze propriétaire d’une usine de meubles à Bargan, une colonie israélienne. Ces derniers sont principalement employés dans les secteurs du bâtiment et de l’industrie, où les salaires sont deux fois plus élevés que du côté palestinien. De leur côté, les colons juifs fustigent ce que les plus extrêmes d’entre eux qualifient de “terrorisme économique”.
Mis en ligne le 18/03/2010sur La Libre
(D’après AFP)