Israël emprisonne à nouveau Salah Hammouri

“Israël jette le poids de l’occupation contre moi, comme il l’a fait [contre] d’innombrables autres Palestiniens. Et ce n’est pas la première fois”, écrivait le défenseur franco-palestinien des droits de l’homme Salah Hammouri dans The Electronic Intifada il y a presque deux ans.

Une fois de plus, Israël a pesé de tout son poids sur Hammouri en l’emprisonnant.

Lundi, l’armée israélienne a pris d’assaut le domicile de Hammouri dans le quartier occupé de Kufr Aqab à Jérusalem-Est, l’a arrêté et transféré à la prison militaire d’Ofer.

Hammouri, 36 ans, subit depuis des années le harcèlement d’Israël. Parmi les mesures dont il a fait l’objet figurent des arrestations arbitraires, des interdictions de voyager et des écoutes téléphoniques.

Hammouri a écrit un article pour le magazine Jacobin peu avant sa dernière arrestation.

L’article détaille le harcèlement auquel il a été confronté au fil des ans de la part des forces d’occupation israéliennes, concluant qu’il n’avait “qu’un seul objectif : me forcer à quitter la Palestine.”

Originaire de Jérusalem, Hammouri a passé la majeure partie de sa vie dans la ville, mais Israël a cherché à l’expulser vers la France. Les autorités israéliennes ont révoqué sa résidence permanente en octobre pour “manquement à l’allégeance à l’État d’Israël”.

Hammouri a longtemps refusé d’être obéi de la manière dont Israël l’exigeait.

“Le concept même est grotesque. Comment peut-on attendre d’une population brutalement assujettie et colonisée qu’elle fasse preuve de loyauté envers son occupant ?” Hamouri a écrit dans The Electronic Intifada.

Hammouri est un avocat du groupe de défense des droits des prisonniers Addameer, l’une des six organisations déclarées “terroristes” par Israël en octobre.

Hammouri est également l’une des six personnes de ces organisations dont les téléphones ont été piratés par le célèbre logiciel espion israélien NSO Group.

Michelle Bachelet, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a déclaré la semaine dernière que ces désignations “reposaient sur des allégations vagues et non fondées” et que son bureau n’avait “connaissance d’aucune preuve crédible” les étayant.

Mme Bachelet a souligné que ces désignations sont “utilisées pour arrêter, restreindre ou criminaliser le travail légitime en matière de droits de l’homme et d’aide humanitaire” et constituent une “attaque” contre ceux qui effectuent ce travail.
Elle a exhorté Israël à révoquer ces désignations.

“Augmentation dramatique des meurtres”

En début de semaine, Mme Bachelet a noté la “hausse dramatique” des assassinats de Palestiniens aux mains des forces d’occupation israéliennes, avec 32 décès en 2020 et 320 en 2021.

Elle a observé une augmentation du nombre et de la gravité des attaques des colons contre les Palestiniens.

Notamment, une trentaine de voitures palestiniennes ont été vandalisées dans la nuit de mercredi à jeudi. Les voitures ont été barbouillées de slogans en hébreu à Jaljulia, une petite ville palestinienne en Israël.

Ce type de vandalisme est souvent qualifié d'”étiquette de prix” – un terme que les colons et les extrémistes israéliens utilisent pour décrire des attaques parfois mortelles.

Le cas de Hammouri est si remarquable qu’il a été inclus dans le rapport qu’Amnesty International a publié le mois dernier, déclarant qu’Israël pratique l’apartheid.

Les accusations et les calomnies d’Israël sont “destinées à discréditer ma réputation et mon travail en tant que défenseur des droits de l’homme”, a-t-il écrit dans The Electronic Intifada.

Israël détient Hammouri depuis qu’il est adolescent, et il a déjà passé des années dans les prisons israéliennes.

Il a été arrêté en 2005 pour avoir prétendument planifié un attentat contre Ovadia Yosef, un éminent rabbin qui avait l’habitude d’inciter à la violence génocidaire contre les Palestiniens.

Hammouri a nié les accusations portées contre lui et a purgé la majeure partie de sa peine avant d’être libéré dans le cadre d’un échange de prisonniers entre Israël et l’organisation de résistance palestinienne Hamas en 2011.

Article de Tamara Nassar pour The Electronic Intifada

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