Impunité et résistance 

Bulletin n°76

 

Arrogant et  sûr de lui, Netanyahou triomphe. Il bénéficie des égards et des égarements du président étasunien et de l’évanescence des Européens. Plus besoin pour lui de faire semblant : il peut se permettre, en toute impunité, d’annexer Jérusalem et, chaque jour, d’installer de nouvelles colonies. Au mépris des Conventions de Genève, il encourage son armée, au vu et au su du monde entier, à tirer sur des manifestants non armés, jeunes pour la plupart, enfants de réfugiés confinés à Gaza depuis 1948.

Il y a eu certes quelques protestations. Des Etats comme la Suède ou l’Afrique du Sud ont rappelé leurs ambassadeurs. De nombreuses manifestations de solidarité avec Gaza ont eu lieu de par le monde, exigeant de leurs dirigeants la condamnation d’Israël et des sanctions contre son gouvernement.  En revanche, silence radio de la part des principales chancelleries occidentales. Pas de sanctions mais de discrets appels à la retenue, tandis que la paralysie du Conseil de sécurité illustrait l’impuissance de l’ONU.

Or, quel bel exemple de résilience et de résistance de la part de ces Palestiniens, « marcheurs du retour », qui entendaient rappeler pacifiquement que la Nakba de 1948 n’est pas un fait historique révolu. En effet, la politique israélienne de colonisation et d’expulsion se poursuit, avec pour conséquences la relégation et le confinement de la population dans des espaces invivables, comparables à des réserves d’Indiens.

Aujourd’hui comme hier, les Palestiniens revendiquent leur droit au retour, la fin des murs de l’apartheid, des arrestations et des détentions arbitraires, la protection de leur espace maritime et de leurs ressources hydriques. En bref, la fin de tout ce qui les empêche de vivre comme des citoyens dans un pays débarrassé de l’occupant.

La Nakba, c’est  aujourd’hui ; c’est, pour Netanyahou comme pour ses prédécesseurs, la poursuite d’un plan d’annexion qui n’a rien à voir avec un quelconque « plan de paix ».

Au vu du déploiement de la force brute d’Israël, doit-on se résoudre à penser que la loi du plus fort s’imposerait tant aux Palestinien qu’au reste du monde ? Ce serait aller un peu vite en besogne, et ce pour trois raisons. D’abord, parce que la politique de déshumanisation des Palestiniens au cours de ces 70 ans de Nakba n’a pas mis à genoux les Palestiniens et la jeune génération.

Ensuite, car la question palestinienne garde sa centralité malgré toutes les tentatives de la marginaliser. Jamais, quoi qu’en pensent les grands stratèges israéliens et occidentaux, il n’y aura de paix réelle ni de coopération sincère et fructueuse entre les deux rives de la Méditerranée tant que perdurera le plan d’annexion israélien de la Palestine.

Enfin, parce que le combat contre la colonisation et l’occupation, c’est aussi le combat pour le respect du droit international, du droit humanitaire et des droits humains les plus élémentaires. Et ces droits sont  aussi les nôtres.

Monsieur Netanyaou, vouloir triompher en violant l’ensemble des normes de la légalité internationale, d’autres l’ont tenté avant vous, y compris contre le peuple juif et celui-ci a survécu. Ce n’est pas en vous que nous plaçons notre espoir mais dans le travail remarquable des minorités israéliennes et juives dans le monde qui ont refusé de fêter les 70 ans de la création de l’Etat d’Israël au motif de la poursuite de la Nakba. C’est avec elles que nous poursuivrons notre action pour la reconnaissance du droit à l’autodétermination et à disposer d’eux-mêmes des Palestiniens, tel qu’il est défini par l’Assemblée des Nations unies.

Par Pierre Galand, Président de l’ Association-Belgo-Palestinienne

 

Photo :  Yaser Murtaja, photographe tué le 6 avril par un sniper israélien lors de la Marche du retour. © Hosam Salem

 

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