Bulletin Palestine N°77
Lorsque le président du Congrès juif mondial, dans une tribune du NY Times du 13 août, dénonce l’adoption de la loi sur l’Etat-Nation dont il stigmatise le caractère antidémocratique, lorsqu’un grand nombre de voix juives protestent et s’indignent en Israël et dans le monde pour vilipender cette loi destructrice, pourquoi ne vient-il à l’esprit de personne de qualifier ces propos d’antisémites, ou ne serait-ce que d’antisionistes ?
Pourquoi, au siècle dernier, était-il évident de condamner sans réserve l’Afrique du Sud de l’apartheid, lorsque son gouvernement adopta des lois de ségrégation (1) dans les lieux publics et les lieux de résidence et des lois prévoyant le déplacement de populations (2) vers des « réserves » ?
Aujourd’hui, la loi fondamentale sur l’Etat-Nation en Israël légalise la colonisation et les transferts de population palestinienne. Elle est de plus en contradiction avec la déclaration d’indépendance qui garantit « une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race, de sexe, elle garantira la pleine liberté de conscience, de culte et de culture ».
En Afrique du Sud au temps de l’apartheid tout comme dans toute l’Afrique au temps des colonies, de trop nombreux religieux ont apporté leur caution, là au développement séparé et ailleurs aux thèses racistes sur les peuples autochtones. Aujourd’hui, les juifs orthodoxes ont été le moteur de l’imposition de la loi sur l’Etat-Nation qui consacre l’état d’apartheid en Israël. Et en Israël aujourd’hui, comme en Afrique hier, il se trouve aussi peu de voix pour combattre le régime d’apartheid. L’Histoire semble bégayer.
Le Tribunal Russel sur la Palestine l’a démontré, lors de sa 3esession à Cape Town en 2011 : « Israël soumet le peuple palestinien à un régime institutionnalisé de domination considéré comme apartheid en vertu du droit international. »
Rappelons en outre que le crime d’apartheid, tel que défini par les Nations Unies, est un crime contre l’humanité et qu’il qualifie toute situation partout dans le monde où trois éléments clefs coexistent : 1- Deux groupes raciaux distincts peuvent être identifiés. 2- Des actes inhumains sont commis contre le groupe subordonné. 3- Ces actes sont commis systématiquement dans le contexte d’un régime institutionnalisé de domination d’un groupe sur l’autre. (4)
Un militant angolais le disait déjà en 1972 : « Allez dans le monde et dites que nous ne luttons pas contre les Blancs ; nous luttons contre un régime qui nous opprime. »
Nous aussi, aujourd’hui, nous proclamons : « Nous ne luttons ni contre les Juifs, ni contre Israël ; nous luttons contre un gouvernement raciste, les colons et l’armée d’occupation d’Israël qui oppriment le peuple palestinien.»
C’est là notre devoir de citoyens attachés au respect de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH – dont on célèbre le 70eanniversaire) et aux conventions qui découlent des normes du droit international.
Pierre Galand
- Group Areas Act.
- Population RegistrationAct
- En Israël, les lois fondamentales sont un substitut des Constitutions existant dans nos pays démocratiques.
- Voir synthèse des conclusions de la troisième session du TRP sur le site www.russelltribunal onpalestine.com