Avez-vous réellement besoin de ces fleurs ?

Bulletin 46

A Abu Al Ajaj, les Palestiniens perdent un nouveau morceau de leur terre au profit de l’occupant. Ils sont aujourd’hui en droit de demander aux consommateurs internationaux de fleurs israéliennes : « Avez-vous réellement besoin de ces fleurs? ». En effet, pour des milliers de Palestiniens, le coût de ces fleurs est exorbitant.

Les colons de la colonie de Massu’a ont encore une fois étendu les limites des terres agricoles qu’ils avaient accaparées il y a quelques années. Depuis quelques jours, ils entament la construction d’une nouvelle clôture au cœur  de la communauté palestinienne d’Abu Al Ajaj afin de s’emparer de davantage de terres.

Il s’agit de terres communautaires sur lesquelles les Bédouins vivent actuellement. La colonie israélienne de Massu’a est établie sur le lieu-même où s’était établi le camp de réfugiés d’Abu Al Ajaj en 1967. Les colons se sont approprié des dizaines de milliers d’acres de terres agricoles fertiles et contrôlent l’eau dans toute la région d’Al Jiftlik. Quiconque voyage sur l’autoroute 90 dans la vallée du Jourdain peut apercevoir, d’un côté de la route, la communauté villageoise palestinienne vivant des conditions de vie désastreuses et de l’autre côté, les espaces verts, les piscines et les clôtures électriques de la colonie.

Les Bédouins d’Abu Al Ajaj n’ont accès ni à l’eau ni à l’électricité et ce, alors que les lignes électriques leur passent au-dessus de la tête et les conduites d’eau sous les pieds. Tous ces services sont strictement réservés aux seuls colons venus d’Europe, des États-Unis et d’ailleurs. Avec, en plus, des primes d’installation et des exonérations diverses et variées.

Au-surplus, il est devenu de plus en plus ardu pour les familles de rester dans la région. Les colons de Massu’a ont étendu leurs terres au cours des trois dernières années, détournant de plus en plus de champs et de zones d’élevage autour des tentes bédouines. Les serres qu’ils construisent se rapprochent, quant à elles, de plus en plus des abris de la famille Edais.

Dans les années 1980, les Forces d’occupation israéliennes ont démoli le seul bâtiment en dur de la zone, le puits.

Selon le décret militaire israélien, il est interdit aux Palestiniens de construire de nouvelles maisons, de rénover les anciennes ou de construire et réparer des routes. Même des constructions simples comme des refuges pour animaux ne sont pas autorisées. Il est difficile pour les Palestiniens de survivre dans de telles conditions.

Les Israéliens ont démoli des centaines de maisons et d’abris, même ceux en plastique. La communauté a été rasée à plusieurs reprises. L’an dernier, la famille Edais a essayé de porter plainte auprès des Bureaux de coordination israéliens et palestiniens. Après une visite de terrain à la communauté, le Bureau de coordination israélien a décidé que la famille Edais, qui vivait déjà là avant la création de l’Etat d’Israël en 1948, n’avait pas le droit d’y être. Tandis que les colons, venus de Russie il y a seulement neuf ans, avaient, quant à eux, le droit de repousser les bornes de leurs propriétés.

Conformément à la législation militaire, les colons plantent plus de 5 dunums – équivaut à 50 ares, ndlr – de fleurs qui sont cultivées pour être exportées vers l’Europe. Cette année, les colons tentent d’élargir leurs bordures, spoliant ainsi les Bédouins de davantage de terres sous prétexte que leurs animaux donnent une mauvaise odeur aux fleurs. Cela signifie que la communauté palestinienne perdra le seul chemin de terre boueux qui lui donne accès à ses terres communautaires.

Vendredi 29 octobre, les colons israéliens sont arrivés avec des armes de tir, un bulldozer et des soldats. Ils ont affirmé que cette terre leur appartenait et ont menacé les militants internationaux qui étaient présents depuis quelques jours pour soutenir la communauté palestinienne. Le dimanche 31 octobre, ils sont revenus, accompagnés de la police et de l’armée, et ont poursuivi la construction de la nouvelle clôture qu’ils avaient commencée. Cette clôture est la première étape du vol d’une grande parcelle de terre sur laquelle les Bédouins vivent et élèvent leurs moutons.

La Vallée du Jourdain, qui représente à peu près le tiers de la Cisjordanie, est presque totalement entre les mains des colons et de l’armée israélienne. Sa population est passée de 250.000 personnes en 1967 à environ 55.000 aujourd’hui. Les Palestiniens qui y vivent n’ont le droit ni de construire des maisons, ni de creuser ni entretenir des puits, ni même de construire des bassins pour récupérer les eaux pluviales. Ils ne peuvent édifier ni écoles, ni hôpitaux. Le but des autorités israéliennes, clairement affiché, est de les contraindre à l’exil.

A Abu Al Ajaj, les Palestiniens perdent un nouveau morceau de leur terre au profit de l’occupant. Ils sont aujourd’hui en droit de demander aux consommateurs internationaux de fleurs israéliennes : « Avez-vous réellement besoin de ces fleurs? ».

Pour des milliers de Palestiniens, le coût de ces fleurs est exorbitant.

Compilé et traduit par Nathalie Janne d’Othée
Relecture par Ouardia Derriche

Sources : Jordan Valley Solidarity et Association France Palestine Solidarité

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