La semaine dernière, la brigade criminelle nationale néerlandaise a perquisitionné le siège de Riwal à Dordrecht, aux Pays-Bas, suite à des plaintes déposées par le groupe palestinien droits de l’homme Al-Haq. Riwal est une société européenne qui fait des grues de grande dimension et des équipements d’accès pour les chantiers de construction et qui a été impliquée dans la construction du mur israélien et de colonies en Cisjordanie occupée.
Tôt le matin du 13 octobre 2010, plus de quarante détectives en civil sont entrés dans le bâtiment de Riwal par différents côtés et on ordonné au personnel de rester dans la cafétéria pendant qu’ils ont mené une perquisition de documents.
En mars 2010, l’avocat Liesbeth Zegveld du cabinet Bohler a déposé deux plaintes contre Riwal au nom de Al-Haq. Les plaintes pénales affirment que Riwal est complice dans la perpétration de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Ces infractions sont contraires à la loi néerlandaise sur les crimes internationaux et il y a six ans, la Cour internationale de Justice de La Haye a jugé que la construction par Israël du mur en territoire palestinien occupé était illégal.
Zegveld a déclaré au quotidien néerlandais NRC Handelsblad plus tôt ce mois-ci que « Cette société a sciemment contribué à l’apartheid et à la persécution».

Le 3 juillet 2006, deux ans après la décision de la Cour internationale de Justice, l’implication de Riwal dans l’occupation israélienne a été involontairement révélé dans un documentaire de la télévision néerlandaise sur le mur de Cisjordanie. Des téléspectateurs alertes ont remarqué que les grues Riwal et Bert Koenders, à l’époque membre du Parlement, a demandé au ministre des Affaires étrangères des clarifications. À l’époque, Ben Bot, alors ministre des Affaires étrangères, a répondu que Riwal était une société israélienne. Deux mois plus tard, cependant, un rapport de United Civilians for Peace (UCP), une organisation non gouvernementale néerlandaise, a démontré que Riwal était une société néerlandaise à 100 %. En conséquence, Bot a contraint la société à promettre que ses équipements ne seraient plus disponibles pour la construction du mur.
Moins d’un an plus tard, en juin 2007, du matériel Riwal a été remarqué sur un chantier de construction du mur, près de Bethléem. Les photos des grues Riwal ont été envoyées à UCP qui a demandé à l’organisation des droits de l’homme israélienne B’Tselem de mener une enquête plus poussée ; B’Tselem a confirmé que les grues Riwal était bien utilisées pour la construction du mur. Cette nouvelle a reçu beaucoup d’attention de la part des médias aux Pays-Bas et a conduit à un débat au Parlement. Selon le quotidien israélien Haaretz, le ministre néerlandais des Affaires étrangères Maxime Verhagen a averti la société : « j’espère que Riwal va cesser de fournir des grues pour le mur. J’espère que ce sera la dernière fois que nous en entendrons parler».
Malgré cet avertissement, du matériel Riwal a de nouveau été observé par la Coalition des femmes israéliennes pour la paix dans le nouveau parc industriel de l’Ouest à Ariel en Cisjordanie occupée en 2009. Le directeur de Riwal Israël, Tal Pery, a déclaré au journaliste néerlandais Simone Korkus en septembre 2009 qu ‘«il est bien possible que du matériel Riwal soit utilisé à Ariel. Nous avons un grand nombre de machines ».
Les activités de Riwal, construisant des infrastructures israéliennes illégales en Cisjordanie occupée pourraient être liée à l’un des propriétaires de l’entreprise, Doron Livnat. Livnat est membre du conseil du Centre d’information et de documentation sur Israël (CIDI), situé à La Haye, décrit par Haaretz comme un groupe de pression pro-sioniste.
En outre, Livnat est président du Conseil consultatif de la Dutch Collectieve Israel Actie (CIA), qui recueille des fonds pour Keren Hayessod, le collecteur de fonds officiel de l’Organisation sioniste mondiale. Fondée en 1920, le Keren Hayessod vise à renforcer la société israélienne, à faciliter l’immigration juive en Israël et de plus l’éducation juive et sioniste dans le monde entier, selon son site internet. Selon la loi néerlandaise, les dons à la CIA sont déductibles des impôts.
Depuis plus de quatre ans, un groupe d’organisations néerlandaises, palestiniennes et israéliennes, des parlementaires, des individus concernés et des avocats ont travaillé ensemble pour recenser les activités de Riwal et la mettre devant ses responsabilités. La perquisition des bureaux de Riwal par le procureur public néerlandais montre le succès de cette coopération et est susceptible de créer une vague dans la communauté européenne des entreprises, en même temps qu’elle peut représenter un point d’inflexion dans le soutien financier et matériel des entreprises européennes à l’occupation israélienne.
Adri Nieuwhof, The Electronic Intifada, 20 Octobre 2010
traduction : Julien Masri