Le quartier de Sheikh Sa’ad est engagé depuis longtemps dans un différend d’ordre juridique et public au sujet de son avenir et de la continuité de connexion des habitants avec Jérusalem. Ce différent soulève de nombreuses questions sur la politique d’Israël dans la région.
Sur les 1500 habitants approximativement du quartier, la moitié sont des « résidents de Jérusalem », titulaires de la carte d’identité bleue, et la moitié sont détenteurs de la carte d’identité verte de Cisjordanie. Alors que le quartier est situé au-delà des limites municipales de Jérusalem, beaucoup le considèrent comme un quartier de Jérusalem et, dans la réalité, sans aucune frontière physique, Cheikh Saad a fonctionné comme une subdivision de Jabel Mukaber tout proche, un quartier de Jérusalem.
La Haute Cour a été saisie afin de déterminer le tracé du mur dans les environs de Sheikh Sa’ad. L’État a demandé que la barrière soit construite le long de la limite municipale de la ville, d’une manière qui aurait coupé dans le quartier de Jabel Mukaber, laissant Sheikh Sa’ad à l’extérieur de Jérusalem. Selon l’État, les habitants de Sheikh Sa’ad qui ont le statut de « résident de Jérusalem » devraient entrer à Jérusalem par le check-point de Sawahara, allongeant ainsi de manière significative leur trajet. Les résidents de Sheikh Sa’ad ont demandé à la Cour de juger que le tracé de la barrière passe à l’est de leur quartier, sur les terres de Cisjordanie, ce qui permet à Sheikh Sa’ad de rester connecté à Jérusalem.
L’espace public n’a pas été muet sur cette question. Des mesures ont inclus une lettre signée par 1.000 habitants juifs des quartiers à proximité au ministère de la Défense, demandant que Cheikh Sa’ad ne soit pas séparé du reste de Jérusalem, car cela occasionnerait la division des familles, le déni d’accès aux services essentiels et l’obstruction de la liberté de mouvement des habitants comme leur capacité de gagner leur vie.
Le 15 mars 2010, la Cour suprême a statué que la barrière de séparation laissera, en fait, le quartier en dehors du mur, mais une porte particulière devrait être construite pour les résidents, leur permettant l’accès à Jérusalem, à toute heure du jour. Le juge Beinish a écrit dans la décision qu’« il ne fait aucun doute que le tracé déterminé pour la barrière va faire du mal aux résidents de Sheikh Sa’ad. Selon les conclusions du Comité d’appel, le quartier de Sheikh Sa’ad a de forts liens avec Jabel Mukaber et avec Jérusalem : les résidents reçoivent de nombreux services, y compris ceux liés à l’éducation et la santé, de Jabel Mukaber. Ils appartiennent à des familles qui y vivent, et leurs affiliations familiales et sociales sont liées à ce quartier. »
Nonobstant, la Haute Cour a approuvé la barrière de séparation dans cette zone et le juge Beinish a déclaré que la solution proposée permettrait de minimiser l’impact sur les résidents de Sheikh Sa’ad. « La construction d’une porte dans la barrière de sécurité, à l’entrée du quartier de Cheikh Sa’ad, permettra l’accès 24h/24 à Jérusalem. Cela réduira sensiblement les inconvénients pour les résidents, malgré les coûts de maintien de la sécurité. »
Malgré les affirmations du juge Beinish concernant les contours de la solution, Ir Amim est profondément préoccupé par l’avenir de Sheikh Sa’ad. Pris entre le marteau et l’enclume, déconnecté de Jérusalem mais dépourvu de toute infrastructure qui le relie à la Cisjordanie, il est difficile d’imaginer à Sheikh Sa’ad le maintien d’une existence durable.
source : ir amin
traduction : Julien Masri