Probables poursuites contre un soldat accusé du meurtre de 2 femmes

Riyeh et Majda Abu Hajaj ont été abattues après avoir obéi aux appels des soldats à quitter leur maison et qu’elles marchaient dans un groupe de civils qui portait des drapeaux blancs. B’Tselem ne sait pas si le bureau du juge-avocat général a l’intention de prendre des mesures contre l’un des commandants impliqués dans l’incident.

L’enquête de B’Tselem a conclu que, tôt le matin du 4 Janvier 2009, un obus a été tiré sur le bâtiment dans lequel la famille Abu Hajaj vivait, dans le quartier un Juhar Diq, dans la ville de Gaza. À l’époque, une quinzaine de membres de la famille élargie se trouvaient dans le bâtiment. La seule personne a avoir été blessée est Manar Abu Hajaj, 13 ans, victime d’une blessure légère à la main. Immédiatement après, les occupants, parmi eux des femmes et des enfants, ont quitté le bâtiment et se sont tenus devant celui-ci de sorte que les soldats puissent voir qu’ils étaient des civils. Environ quinze minutes plus tard, la famille est allée dans la maison d’un voisin, Mahomet as-Safi, où ils sont restés jusqu’à ce qu’ils soient informés, vers midi, que l’armée avait ordonné aux habitants de quitter leurs maisons et de marcher vers le centre de la ville.

Les familles Abu Hajaj et as-Safdi, un total d’environ 30 personnes, ont fait quelques drapeaux blancs à partir de feuilles et ont quitté la maison. Ahmad as-Safdi, 25 ans, et Majda Abu Hajaj tenant chacun des morceaux de matériau blanc à la main, marchaient à la tête du groupe. Quand ils ont vu les tanks à environ 150 mètres d’eux, les deux ont agité les drapeaux et les enfants dans le groupe se sont assis sur le sol. Tout à coup, et sans avertissement, des coups de feu ont été tirés sur les habitants, tuant Majda Abu Hajaj sur place et blessant grièvement sa mère, Riyeh Abu Hajaj. Dans son témoignage à B’Tselem, Farhaneh Abu Hajaj, 32 ans, a déclaré :

« Tout à coup, ils ont ouvert le feu sur nous et nous avons commencé à courir vers l’est. Ma belle-mère, Riyeh, qui avait 64 ans, était à l’arrière parce qu’elle ne pouvait pas courir. Pendant que je courais, j’ai vu Majda sur le sol. Je pensais qu’elle s’était couchée là pour éviter d’être touchée par les tirs. Je lui ai dit : « Lève-toi! Lève-toi ! », Mais elle ne bougea pas. J’ai finalement réalisé qu’elle avait été touchée par les tirs. »

Le groupe s’est dirigé vers des cabanes de tôles situées à l’est de la maison de la famille Abu Hajaj’s. Deux des résidents ont porté Riyeh Abu Hajaj blessée. Elle est morte quelques minutes plus tard. Malgré plusieurs coups de feu sur eux, le groupe a réussi à revenir à la maison des as-Safdi, où ils se sont cachés.

La famille a dû abandonner le corps des deux femmes sur place. Ce n’est que le 19 janvier que leurs corps, à l’époque partiellement décomposés, ont été transportés à l’hôpital. Avant cela, les équipes de sauvetage qui avaient été appelées par la famille ont été incapables de pénétrer dans la zone.

Le 6 janvier 2009, deux jours après l’incident, Yusef Abu Hajaj dit à B’Tselem :

« Nous avons immédiatement appelé le Croissant-Rouge et la Croix-Rouge et leur avons demandé d’enlever les corps, mais les bombardements les ont empêchés d’y arriver. Le lendemain, nous avons réalisé que nous devions quitter la zone et nous avons fui. Maintenant, je vis dans une école de Nuseirat. Le corps de ma mère et de ma sœur sont encore à l’extérieur. Nous ne savons pas quand nous pourrons les déplacer. »

B’Tselem a écrit au juge-avocat général le 14 mai 2009, exigeant une enquête de l’unité d’enquête de la police militaire sur l’incident. L’organisation a joint des photos du site de l’incident, y compris ses coordonnées. B’Tselem a également demandé une enquête au sujet de la responsabilité de l’échelon de commandement et des ordres qui ont été donnés aux soldats.

Début octobre 2010, B’Tselem a aidé le MPIU dans la coordination de l’enregistrement du témoignage de quatre témoins, qui ont donné leur témoignage, le 8 octobre 2009 au bureau de coordination et de liaison à Erez. En outre, B’Tselem a fourni au MPIU des documents médicaux et les certificats de décès ainsi que les documents confirmant que la maison de la famille a été détruite lors de l’opération « Plomb durci ».

B’Tselem est favorable à la conclusion de l’enquête et à la recommandation de poursuivre le soldat qui aurait tiré les coups de feu. Cependant, il est regrettable qu’il ait fallu un an et demi après la fin de l’opération Plomb Durci pour rendre la décision. Certaines enquêtes du MPIU n’ont pas encore été achevées et de nombreux cas, n’ont même pas été étudiés.

Israël a refusé d’enquêter sur les questions concernant la politique qui a été mis en œuvre lors de l’opération et le MPIU s’est décidé pour des enquêtes sur quelques incidents isolés. Ces enquêtes ne répondent pas à l’obligation d ‘Israël d’enquêter sur les violations de la loi et les enquêtes qu’il a menées sont insuffisantes. Même si elles entraînent le dépôt d’actes d’accusation contre les soldats, des soldats de rang inférieur seront poursuivis, tandis que les fonctionnaires chargés de la formulation de la politique ne seront pas tenus pour responsables de leurs actes. En outre, les enquêtes sont menées par une entité qui fait partie intégrante de l’armée et, par conséquent, ses enquêtes ne peuvent pas être considérées comme indépendantes. En agissant de cette manière, Israël contourne son obligation de mener une enquête indépendante et crédible sur la responsabilité des fonctionnaires civils et de l’échelon de commandement.

16 Juin 2010

source : B’Tselem

traduction : Julien Masri

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