Récemment, certains articles faisant l’éloge de l’importance archéologique du quartier Al-Bustan à Silwan ont été publiés dans divers journaux, dans une tentative de justifier le projet de démolition de 88 maisons du quartier. La plupart des maisons de ce quartier, situé au pied du site archéologique de la « Cité de David », ont été construites au cours des 40 dernières années, sans permis de construire. En 2005, la municipalité de Jérusalem était sur le point de démolir les 88 maisons mais, en raison de la pression et de l’intervention internationale, le plan a été abandonné. Il a maintenant refait surface…

Ses partisans soutiennent que, outre le statut illégal des maisons, le site a une grande signification historique. Ils affirment que Al-Bustan est le jardin du Roi comme il est mentionné dans les Écritures (Livres des Rois, Ecclésiaste et Néhémie) et qu’en raison de sa riche histoire, les maisons doivent être démolies, le passé ramené à la surface et le site transformé en une autre des attractions touristiques dans la région. Il est important de noter que le quartier Al-Bustan ne fait pas partie du parc national du « saint bassin », qui comprend la ville de David.
L’histoire d’Al-Bustan est une conséquence directe de la notion douteuse selon laquelle les découvertes archéologiques dans la ville de David appartiennent au roi David lui-même. Le site archéologique qui existe sur la pente au-dessus d’Al-Bustan, connu comme la Cité de David, révèle des strates archéologiques depuis la fondation même de Jérusalem il y a 4000 ans, une période identifiée par les historiens comme la période cananéenne, jusqu’à nos jours. Dans le site, les découvertes archéologiques vieilles de 5000 ans ont été exhumées, découvertes qui racontent l’histoire de différentes vies, des cultures et des peuples qui vivaient là avant. L’importance du site réside dans sa capacité à nous informer sur la fondation de Jérusalem et son développement à travers les siècles.
Parmi les dizaines de couches archéologiques fouillées dans la ville de David, il n’y a aucune preuve attestant de la présence du roi David, ou en fait de tout roi de Judée ou autre. Cela n’exclut pas le fait que d’autres rois existaient à Jérusalem, mais cela montre que l’archéologie ne peut et ne doit pas prouver ou réfuter la présence d’un roi particulier dans un site. La recherche de l’emplacement exact du jardin du Roi n’est pas moins une tâche difficile, sinon impossible. Personne ne sait où ce jardin se trouvait, un site où la découverte principale serait un bosquet d’arbres morts et il semble qu’il soit impossible de procéder à une recherche archéologique sérieuse qui puisse révéler sa localisation exacte.
Au cours du XXe siècle, des archéologues en Israël et dans le monde entier en sont venus à la conclusion que l’archéologie ne peut pas être utilisée pour corroborer la réalité d’événements ou l’existence de personnages de la Bible. La recherche de sites où les histoires de la Bible ont eu lieu relève de l’escapade romantique, qui découle de la curiosité et de la croyance religieuse. Cet effort est important, mais c’est un énorme pas en avant de déclarer que le quartier Al-Bustan a une grande importance archéologique. Al-Bustan ne se trouve dans aucun des parcs nationaux. Les preuves de l’existence du jardin du roi à Al-Bustan ne sont absolument pas archéologiques, et l’État ne doit pas prétendre que la démolition de maisons se fait au nom de l’archéologie. Ce n’est pas ce pour quoi l’archéologie est faite. L’étude du passé ne peut pas remplacer la vie dans le présent.
dimanche 27 juin 2010
Yonathan Mizrachi
Yonathan Mizrachi est membre de l’archéologue « Emek Shaveh » et co-fondateur des visites archéologiques De Shiloah à Silwan
source : silwanic
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