Pas de trêve estivale pour les Palestiniens. Israël a poursuivi son entreprise génocidaire à Gaza et l’a étendue à la Cisjordanie, où elle a accéléré la colonisation. Heureusement, les militants du mouvement BDS à travers le monde n’ont pas non plus mis fin à leur poursuite de la justice et ont encore enregistré de nombreuses victoires à leur actif.
Par Florian Gillard
Axa : suite et fin (de la complicité)
Après plusieurs années de pressions constantes de la société civile, l’assureur Axa a enfin arrêté de soutenir la colonisation. Il a en effet vendu toutes ses actions dans les banques israéliennes.
Les premières victoires de la campagne Stop AXA datent de 2019 et 2022, avec les désinvestissements successifs de la compagnie d’armement Elbit Systems et des banques Mizrahi Tefahot et First Bank of Israël. Le 24 juin 2024, Axa s’est défait de ses 20 millions $ d’actions dans les banques Hapoalim, Leumi et Israel Discount Bank, mettant ainsi fin à sa complicité dans l’entreprise coloniale israélienne.
Les banques israéliennes sont un pilier de la colonisation de la Cisjordanie, finançant les habitations illégales des colons, la connexion au réseau téléphonique et à Internet, la construction d’usines ou encore l’aménagement d’équipements de surveillance.
Comme le note le groupe Eko, membre de la campagne Stop Axa, les intérêts financiers d’Axa en Israël se portaient bien sur les derniers trimestres; c’est donc bien la pression militante qui a permis cette victoire. Ce triomphe du mouvement BDS prouve également que le boycott ciblé et persistant permet de faire plier même les plus grandes entreprises.
Ixelles suspend son jumelage avec Megiddo
Si, comme le dit l’adage, tout vient à point à qui sait attendre, force est de reconnaître que la patience peut être soumise à rude épreuve en période de génocide… Voici plus d’un an et demi qu’une coalition d’organisations de la société civile, parmi lesquelles l’ABP, demandait à d’Ixelles de rompre son jumelage avec la conseil régional de Megiddo, en Israël. Comme tout partenariat institutionnel avec ce dernier, ce jumelage, le seul avec une entité israélienne en Belgique francophone, contribue en effet à normaliser le régime de persécution imposé aux Palestiniens. Ces derniers mois, un collectif de citoyens avaient renforcé la pression sur la commune en exigeant la rupture pure et simple du jumelage.
Après s’y être longtemps refusé , le bourgmestre d’Ixelles Christos Doulkeridis a enfin suspendu cet accord, estimant que son maintien « pouvait être interprété comme une approbation de la politique menée actuellement par l’État d’Israël.» La commune affirme en outre « ne plus entretenir aucun lien avec Israël et ne pas avoir l’intention d’en établir.»Le comité national palestinien du BDS (BNC) a salué cette victoire et “appelé toutes les villes et institutions du monde entier à mettre fin à toute forme de complicité et de statu quo avec l’État génocidaire d’Israël et ses institutions complices.” Le message sera–il entendu chez nos voisins français, où pas moins de 42 communes sont actuellement jumelées avec des villes israéliennes?
Le boycott académique se poursuit !
Initié en avril 2024 à l’Université de Columbia (New York), le mouvement étudiant d’occupation des universités a été à l’avant-plan de la lutte en soutien aux Palestiniens. En à peine quelques mois, les étudiants et les professeurs solidaires ont ainsi obtenu une flopée de victoires pour un boycott académique d’Israël, ce malgré la répression policière et judiciaire.
L’Association américaine des professeurs d’université (AAUP) a, par exemple, mis fin à son opposition catégorique au boycott académique. Elle considère maintenant que “le boycott académique n’est pas en soi une violation de la liberté académique mais qu’il peut être considéré comme une réponse légitime à des conditions incompatibles avec la mission de l’enseignement supérieur.” Bien qu’il ne s’agisse pas encore d’un appel clair au boycott des universités israéliennes, difficile de ne pas y voir l’expression d’un changement politique majeur en faveur de la campagne pour un boycott académique d’Israël… L’Association américaine de sociologie, la plus grande organisation de sociologues aux États-Unis s’est, quant à elle, désinvestie de tous ses liens avec des sociétés d’armement.
Enfin, en Australie cette fois, l’université de Melbourne et le Syndicat national de l’éducation ont adopté des motions appelant à la fin des liens avec les universités israéliennes et au désinvestissement des compagnies d’armement. Grosse victoire, donc, dans un État pourtant aligné sur les États-Unis et Israël!
Des nouvelles d’Écosse
En août, le gouvernement écossais a annoncé rompre ses liens diplomatiques avec Israël jusqu’à ce que de réels progrès vers la paix soient faits. Quelques jours plus tard, le syndicat des artistes écossais a adopté à 91% des voix une motion pour soutenir l’appel à un boycott culturel et académique d’Israël (PACBI). Fort de plus de 100 organisations culturelles, le syndicat s’engage ainsi à ne plus permettre à Israël à faire de l’artwashing et à promouvoir la culture palestinienne et décoloniale. De quoi inspirer les organisateurs de l’Eurovision?