La loi sur les biens des absents et le nettoyage ethnique

La campagne du gouvernement israélien pour judaïser les zones palestiniennes restantes de Jérusalem-Est est en pleine expansion, alors qu’il tente de prendre le contrôle de plus de terres à Silwan, Ras al-Amoud, Sheikh Jarrah et dans d’autres quartier. Les autorités cherchent à légitimer ces confiscations de terres par l’établissement de colonies exclusivement juives sur les terres annexées, illégale en vertu de la Quatrième Convention de Genève qui interdit le transfert de population civile de la puissance occupante dans les territoires qu’elle a occupés.

le quartier de al Bustan, à Silwan (@Julien Masri)
le quartier de al Bustan, à Silwan (@Julien Masri)

Israël utilise un système complexe de lois pour faciliter la prévention de la croissance naturelle dans les zones palestiniennes de Jérusalem-Est, en plus de poursuivre activement la confiscation ou la démolition des maisons des terres et des biens palestiniens. Des quartiers tels que Silwan, désignés pour l’expansion d’Israël, sont les principales victimes de cette discrimination bureaucratique et juridique, ce qui entraîne pour les résidents palestiniens l interdiction de construction ou de rénovation de leurs maisons et de leurs biens. Au total moins de 20 permis de travaux de rénovation ont été délivrés par les autorités israéliennes aux habitants palestiniens dans la région de Wadi Hilweh depuis l’annexion de Jérusalem-Est en 1967. Pas un seul permis n’a été approuvé pour un nouveau bâtiment dans Wadi Hilweh depuis cette date. Pendant ce temps, le gouvernement israélien soutient activement les organisations de colons comme «Elad » (une abréviation de «Vers la Cité de David » en hébreu), qui déclare ouvertement sa mission de judaïser Silwan et de provoquer un changement démographique du quartier pour créer une majorité juive dans la région. Elad a été actif dans le quartier depuis 1991, lorsque l’organisme a reçu le soutien de l’ancien ministre du Logement Ariel Sharon.

La loi israélienne sur les biens des absents, votée en 1950, a permis d’acquisition massive de terres palestiniennes laissé vacantes par la récente population des réfugiés palestiniens. Des centaines de milliers de Palestiniens ont été forcés de fuir pendant la guerre, laissant leurs biens et actifs derrière eux. Dans le cadre de la « loi sur les biens des absents», ces vastes étendues de terres ont été placées sous la garde du gouvernement israélien, qui à son tour a transféré la propriété à des immigrants juifs.

Cette loi est toujours utilisée par Israël lors de la confiscation de biens palestiniens et du refus opposé à de nombreux Palestiniens sur leurs revendications légitimes à la résidence dans le quartier de Wadi Hilweh à Silwan. La séparation de quartiers de Jérusalem-Est comme Abu Dis par le mur illégal de l’apartheid empêche de nombreux habitants d’atteindre leurs terres de l’autre côté et permet la reprise de ces mêmes terres par des colons juifs à l’aide des lois telles que la «loi sur les biens des absents».
Dans les quartiers tels que Silwan, la propriété de la terre confisquée est souvent transférée directement au Fonds national juif, qui à son tour loue le terrain à des organisations comme Elad. La loi, si elle était appliquée dans d’autres régions de Jérusalem pourrait mener à la confiscation de 80% des terres palestiniennes. Elle porte potentiellement plus de troubles que la construction de colonies. Ce renforcement provocateur de l’apartheid viole les dispositions des Accords d’Oslo de 1994, qui interdisent aux deux camps « de prendre des décisions qui auraient un effet négatif sur les termes des accords sur le statut final, y compris le statut de Jérusalem. »

Le Comité Populaire de Wadi Hilweh a déclaré qu’Israël employait la « loi sur les biens des absents» comme un moyen d’annexer à Jérusalem-Est des terres palestiniennes qu’elle ne pouvait pas confisquer par le mur de l’apartheid. Le mur de l’apartheid, déclaré illégal par la Cour internationale de Justice, a été construit en grande partie aux limites des zones fortement urbanisées à Jérusalem-Est, veillant à la prise de contrôle des ressources et des terres palestiniennes moins peuplées. Les moyens juridiques tels que la « loi sur les biens des absents» sont ensuite mis en œuvre dans les zones visées pour contribuer à la judaïsation de Jérusalem et à l’expulsion des habitants palestiniens.

La déclaration du Comité Populaire a également souligné la disparité entre le droit d’un Juif vivant à New York à obtenir la citoyenneté en Israël et à acquérir de la terre à Jérusalem, tandis qu’un Palestinien né à Jérusalem, et dont la famille y vit depuis des générations, ne peut même pas hériter de sa maison familiale. Le Comité a poursuivi en déclarant que cette loi vient en contradiction directe à toutes les résolutions et les traités internationaux négociés par les États-Unis depuis le début de négociations de paix en 1994. Ces négociations ne peuvent éventuellement être menées de bonne foi ou avoir aucun résultat pratique, tandis que de telles politiques et des lois racistes sont promulguées pour le nettoyage ethnique à Jérusalem-Est.

source : Silwanic.net

traduction : Julien Masri

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