Lecture : Jérusalem, idées reçues sur une ville frontière

Par Michel Brouyaux

Les croisés sont venus libérer les chrétiens d’Orient… qui ne leur avaient rien demandé, ajoute l’auteure, et qui les percevront comme des hordes d’envahisseurs.

Autre idée reçue : la plupart des gens pensent que le transfert de l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem est due à Trump. Chercheure et politologue, May Maalouf Monneau voit plutôt la décision de l’ancien président comme l’aboutissement d’un long processus où l’on trouve, à la manœuvre, le Congrès américain, les évangélistes et l’AIPAC¹. Dès le 22 mars 1990, le Sénat adopte unanimement une résolution reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël. En 1995, il adopte la loi sur le transfert de l’ambassade. Même si le transfert sera longtemps reporté, la décision date bel et bien de cette époque. Autre idée reçue : la destruction du quartier maghrébin de Jérusalem, quand on l’évoque – ce qui est rare – est considérée comme un dégât collatéral de guerre. Or elle fut voulue et pensée de longue date par les stratèges sionistes, et mise en œuvre dès la fin des hostilités de 1967. Préserver les lieux saints: l’auteure revisite aussi la position du Saint-Siège sur la ville et son évolution, notamment après la reconnaissance d’Israël par le Vatican en 1994. Ce ne sont que quelques exemples d’idées reçues dans un ouvrage qui en débusque beaucoup.

1/ L’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) est le principal lobby pro-israélien aux États-Unis. Proche de la droite sioniste, il constitue l’un des plus puissants groupes de pression actifs à Washington. 

Jérusalem, idées reçues sur une ville frontière
par May Maalouf Monneau, Éditions Le cavalier bleu, 2023, 176 pages.

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