Intifada Al Aqsa, 10 ans plus tard – La théorie du jeu

Trois ou quatre faibles coups ont été entendus par la fenêtre, à l’autre bout du quartier El Balua dans la partie orientale d’El Bireh, en Cisjordanie. Un pistolet à proximité ? Une lointaine Kalachnikov ? L’oreille du profane ne pouvait pas en être sûre. Environ huit mois s’étaient écoulés depuis le début de la deuxième Intifada. Chaque après-midi, le même rituel – surnommé « échanges de tirs » dans les bulletins de nouvelles en hébreu – se jouait à nouveau dans la région de Ramallah, créant l’impression que deux armées s’affrontaient. Il était donc évident que nos forces répondraient bientôt avec des bruits d’armes plus forts, plus rapides et plus puissants. Et en effet, après un bref instant les boom-boom et tac-tac habituels ont été entendus. Des obus de char, selon l’oreille profane. Espérons seulement qu’il n’y a pas eu de victimes.

Quelques heures plus tôt – c’était le dimanche 20 mai 2001 – une séance d’information présentée par Jibril Rajoub pour les journalistes israéliens, dans son luxueux siège de Bituniya se terminait. C’était une autre tentative désespérée de quelques personnalités palestiniennes pour dépeindre une réalité différente de celle qui s’était formée dans l’esprit des Israéliens – que l’offensive palestinienne menaçait l’existence de l’Etat. Pendant l’exposé, j’ai demandé à Rajoub comment il expliquait le fait que de tous les chefs des organes de sécurité palestiniens, il était le seul qu’Israël n’avait pas attaqué : il n’avait pas été agressé verbalement et aucun des centres de ses forces de sécurité préventive en Cisjordanie n’avait été bombardé. La question est mal passée. « Ce n’est pas une affaire de personnes, dit-il. Toute la nation palestinienne est une cible de tirs israéliens. »

La provocation n’a pas marché, bien qu’implicitement il y avait un compliment à Rajoub, qui a refusé de jouer le jeu et de se laisser emporter par le courant. Dans l’exposé il n’avait pas dit explicitement ce que ses conseillers et d’autres sources bien informées à Ramallah disaient : qu’il était contre la militarisation de ce qui avait commencé comme un soulèvement populaire, et qu’il savait que rien de bon n’en sortirait.

derrière les immeubles, sur la colline, la ligne des maisons de la colonie de Psagot, surplombant Ramallah (@Julien Masri)
derrière les immeubles, sur la colline, la ligne des maisons de la colonie de Psagot, surplombant Ramallah (@Julien Masri)

Quelques minutes après le début des boums et tacs, les pagers des journalistes ont indiqué que la maison de Rajoub, dans le centre d’El Balua, avait été bombardée. Cinq de ses aides avaient été blessés, il était indemne. Le porte-parole de l’unité des Forces de défense israéliennes a indiqué que les troupes israéliennes avaient répondu à des tirs des gardes de sécurité de Rajoub visant la colonie de Psagot. En outre, le rapport précise que la position de Tsahal au carrefour Ayosh avait également ouvert le feu. Par la suite il a été affirmé que les tirs provenaient de la région de la maison. Plus tard, il a été dit qu’un soldat de Psagot avait été blessé cet après-midi par un tireur embusqué. Qu’un bus transportant des enfants de Psagot avait essuyé des tirs. Que le carrefour Ayosh avait été obligé d’ouvrir le feu. Plus de versions que vous ne pourriez remuer avec un bâton.

Quelqu’un dans l’armée israélienne a dit que l’armée ne savait pas que c’était la maison de Rajoub. Erez Weiner, à l’époque lieutenant-colonel et commandant du bataillon de reconnaissance Duchifat et de la force qui avait ouvert le feu, a dit qu’il savait effectivement très bien que c’était la maison de Rajoub. D’autres dans l’armée israélienne ont déclaré qu’il ne savait pas, affirmant qu’il avait fait du tort à l’armée. En bref, une vraie pagaille.

Si ce n’avait pas été la maison de Rajoub, il est peu probable que l’espace de journaux ou de temps de radiodiffusion eussent été consacrés aux faits et à la logique : le poste de garde était une cabine de verre ; Psagot ne peut pas être vue de là ou de la maison, encore moins atteinte par un tir, le carrefour Ayosh ou du City Inn, d’après un hôtel proche, se trouve à proximité, mais les bâtiments occultent la ligne de mire. N’eût été la maison Rajoub, la version israélienne n’aurait pas été remise en question, comme dans des centaines d’autres incidents.

En fin de compte, cependant, tout s’est bien déroulé, une fois de plus. Weiner, qui avait ordonné le tir, a été promu au grade de colonel et nommé aide du chef d’état-major Gabi Ashkenazi. Et ceux qui espéraient que cette pagaille arrêterait l’escalade, qui mêlait l’inégalité de la concurrence en matière d’armes, ont été déçus.

Un conte de retenue

Ce sont les mois longs, effrayants, épuisants de familiarisation avec les « jouets » des garçons. Semaine après semaine, parfois chaque jour, les jouets sont devenus plus grands sous nos yeux étonnés. Ce serait ridicule, si ce n’était pas aussi mortel.

Du 29 septembre jusqu’à aujourd’hui, 20 mai 2001, les Palestiniens ont tué 86 Israéliens – 32 membres des forces de sécurité et 54 civils (dont un bébé et quatre enfants de moins de 16 ans). Quarante-cinq ont été tués en Cisjordanie, 14 dans la bande de Gaza et 27 en Israël. Au total, 423 Palestiniens ont été tués pendant ces huit mois – six par des civils israéliens, 13 citoyens palestiniens d’Israël aux mains de la police lors les manifestations d’octobre 2000 et 404 tués par les forces militaires. Parmi ces derniers, 235 ont été tués en Cisjordanie, 168 dans la bande de Gaza et un en Israël.

Parmi les morts palestiniens, cinq enfants de moins de 12 ans, 62 entre 12 et 16 ans et 48 entre 16 et 18 ans. Sept femmes, y compris des filles, se trouvaient également parmi les victimes. Selon B’Tselem, le Centre d’information israélien pour les droits de l’homme dans les territoires occupés, qui a analysé les données de Haaretz, 223 des 404 personnes « ne sont pas impliquées dans les combats » et 26 « étaient impliquées dans les combats » au moment où elles ont été tuées. Il n’y a pas assez d’informations pour environ 140 de ces morts afin de savoir s’ils ont pris part à ce que l’armée appelle un « combat de faible intensité. »

Le modèle a été fixé dans la semaine qui a suivi la visite d’Ariel Sharon au Mont du Temple le 28 septembre 2000. Il s’agissait de manifestations civiles sur les sites symboliques de l’occupation, en particulier aux intersections des routes menant aux colonies et aux postes de contrôle ; jets de pierres ; tirs israéliens ; blessés parmi les manifestants ; tirs palestiniens (mais pas lors de manifestations), des rapports sur les nouvelles en hébreu disant que les Palestiniens avaient ouvert le feu ; funérailles ; plus de manifestations et ainsi de suite. C’était la même chose aussi bien en Cisjordanie qu’à Gaza.

« Usage excessif de la force », a déclaré Amnesty International, s’adressant à un mur. Deux ou trois ans plus tard, quand il était trop tard, quelques officiers israéliens ont commencé à utiliser une terminologie similaire.

Un sniper israélien m’a dit début novembre 2000, que l’ordre était de ne pas tirer sur les enfants de moins de 12 ans qui prenaient part à des « troubles » : en jetant des pierres et des cocktails Molotov. Il est certain que ce fut assez pour prouver la retenue de l’armée israélienne. Voici à quoi ressemblait cette retenue sur le terrain. Saber Barash, 15 ans, prenait part aux manifestations quotidiennes contre l’armée israélienne au carrefour du City Inn. Il n’hésitait pas à jeter des pierres, peut-être aussi des cocktails Molotov, à ceux que le consensus palestinien et le droit international définissent comme des occupants étrangers. Mais quand il a été tué, le 14 novembre 2000, c’était après avoir fui des gaz lacrymogènes sur une colline située à 180 mètres du carrefour où les manifestations avaient eu lieu. À ce moment-là et à cette distance, il ne jeta aucune pierre qui pût mettre en danger un soldat de l’armée israélienne. Un immeuble d’habitation se dressait entre lui et les soldats du carrefour. Une voiture transportant des munitions – des pierres et des cocktails Molotov – gravit la côte et s’arrêta à côté de Barash. Ensuite, les tirs ont commencé. Le chauffeur a couru pour sauver sa vie. Barash et un ami se sont cachés derrière un conteneur métallique. Les deux enfants se terraient. Mais une balle a traversé le récipient, frappé Barash à la tête et est sortie par son dos. Un rapport du porte-parole militaire a déclaré que « le tir avait été exécuté » au niveau des roues de la voiture.

Génération X

« Enfantin, jeux, stupide » sont quelques-unes des épithètes utilisées par d’anciens soldats afin de décrire leur comportement et celui de leurs copains auprès des enquêteurs de Briser le silence, une organisation qui recueille des témoignages de soldats sur leurs périodes de service dans les territoires occupés. Ils ont parlé de fusillades inutiles à grande échelle, des démonstrations de force israéliennes sans raison valable. En fait, nous, les observateurs, les participants contre notre volonté, attendions tous les jours qu’une grande personne vienne mettre un terme aux jeux, mais aucune grande personne n’est arrivée.

« Dans le premier mois de la confrontation … avant la période des attentats-suicide », Noam Chayut, un ancien officier, écrit dans son livre « Mon voleur Holocauste » (Am Oved, hébreu), leur chef les a informés que « le premier résultat était … 100 à 0 … ce qui veut dire, nous avons tué cent Palestiniens pas l’un de nos soldats n’a été tué … Nous étions très fiers … Son discours faisait très « officier » avec des phrases comme « Nos opérations ont été menées en parfaite synergie avec le feu sporadique de l’autre côté. »

Il y avait de la concurrence non seulement contre les Palestiniens, mais aussi entre les soldats et les unités, comme indiqué dans des dizaines de témoignages de Briser le silence. Chayut : «Les gars, et moi comme les autres, étaient occupés au décompte X (tués) … Certaines unités gravaient les X sur l’arme à partir de laquelle la balle avait été tirée. Je me souviens clairement que j’enviais les [gars qui passaient après moi] … Toutes leurs balles avaient déjà des X … Lorsque des soldats plus jeunes que toi … qui ont servi moins longtemps, tuent et courent le dire aux gars et vous vous ennuyez à côté d’une APC, portant un gilet de protection et en état d’alerte, c’est une énorme humiliation. »

Un des soldats qui ont témoigné pour Briser le silence ont raconté que certains soldats trouvaient le meurtre d’enfants difficile, mais d’autres se mettaient à rire et disaient : Bon, maintenant, nous allons dessiner un ballon ou un smiley au lieu d’un X.

Dans les premières semaines, le sentiment que même les enfants étaient des cibles rendit fou l’ensemble du public palestinien. Un enfant était enterré presque tous les jours, parfois plus d’un. Les enfants qui manifestaient et des enfants qui n’avaient jamais manifesté, avec des cocktails Molotov ou sans. Le lynchage de deux soldats israéliens le 12 octobre 2000, est cité en Israël comme un tournant, mais il est totalement déconnecté du contexte des Palestiniens tués par les soldats de l’armée isrélienne.

Pendant les deux semaines avant le lynchage, les soldats israéliens ont tué huit enfants palestiniens de moins de 16 ans et neuf entre 16 et 18 ans (ils faisaient partie des 73 Palestiniens tués par les troupes de l’armée israélienne en 14 jours, au cours desquels les Palestiniens ont tué cinq Israéliens, dont trois soldats). En octobre 2000, l’armée israélienne a tué 15 enfants âgés entre 12 et 16 ans et 15 jeunes âgés de 16 à 18 ans ; en novembre, 23 [enfants âgés entre 12 et 16 ans] et 17 [jeunes âgés de 16 à 18 ans], respectivement. Au cours des six premiers jours, jusqu’au 4 octobre 2000, 1780 Palestiniens ont été blessés pendant les manifestations : par des balles en métal recouvert de caoutchouc, par des balles réelles, par les gaz lacrymogènes, etc. Parmi eux, 52% avaient moins de 18 ans, selon le ministère palestinien de la Santé.

Trois ans après son service militaire, Noam Chayut appela un de ses copains d’unité pour obtenir son témoignage sur les X, pour Briser le Silence. L’ami a refusé de présenter sa déclaration, mais sous la pression a dit : « Vous avez affaire à des postes de contrôle et des couvre-feux et l’humiliation et le non-sens – Nous n’avions rien à faire avec toutes ces histoires. Ce que j’ai à dire traite d’êtres humains. Est-ce que vous comprenez ce que je vous dis ? Je parle de meurtre, de meurtre. »

Les événements rapportés par le copain d’armée, muette agonie de la conscience, a forgé parmi les Palestiniens une colère qui est montée sans relâche et s’est nourrie d’elle-même. Cette rage a certainement été alimentée par le phénomène des checkpoints et des barrages routiers. Les brochures publiées par Briser le silence sont remplies de ces témoignages, recueillis au fil des ans, sur les retards, les humiliations et les mauvais traitements infligés aux Palestiniens sans d’autre raison opérationnelle que l’ennui et la frustration, parce que les armes à feu n’étaient pas en cours d’utilisation.

Prenez tout cela, multipliez par 3,5 millions, jour après jour, heure par heure : sans tenir compte de tous les enfants palestiniens qui ont été tués, des points de contrôle, de leurs humiliations quotidiennes, alors toutes les analyses tirées des attentats suicide (dont la plupart ont eu lieu après la mi-2001, contre la population civile à l’intérieur de la Ligne verte) sont sans valeur.

Tirer vers le soleil

Une grande partie de la rage était dirigée contre l’Autorité palestinienne et a été mélangée avec le ressentiment envers le Fatah, le mouvement au pouvoir. Le Fatah n’a pas été à la hauteur de sa promesse d’indépendance et a développé une nomenklatura privilégiée, comme si l’indépendance avait déjà été réalisée. Plus directement, la rage a été dirigée contre les organes de sécurité, les représentants marquants de l’autorité qui a échoué à devenir autonome. À l’école, les enfants du personnel de sécurité étaient ridiculisés. Les fils avaient honte de leurs pères, qui possédait des armes, mais ne défendaient pas leur peuple.

Lors d’une manifestation, peut-être le deuxième ou le troisième jour après la visite de Sharon à Al Aqsa, j’ai vu un policier palestinien armé assis à la périphérie de la foule des manifestants, regardant les ambulances endeuillées revenant du carrefour. Quelques jours plus tard, il était parmi les tireurs qui courait à côté de la foule et pointaient leurs fusils vers le ciel. L’imitation a été un facteur crucial ici, bien plus que les ordres d’en haut, s’il y en avait à ce stade. Certains Palestiniens disent que Yasser Arafat avait permis à ceux qui étaient armés d’ouvrir le feu, car il craignait le caractère civil de l’insurrection, à ses débuts, et les invectives lancées contre son régime.

Les jeunes se pavanaient dans les rues en portant des armes, comme s’ils étaient nés avec elles. Des hommes palestiniens ont été photographiés, prenant des poses familières avec des fusils, pour les affiches qui orneraient les murs de leur maison après leur mort. Pour les Israéliens qui ont fait le service militaire, l’intimité avec des armes serait familière.

Contrairement à l’armée israélienne, qui opérait à l’intérieur de fortifications, d’avant-postes fortifiés, les Palestiniens ont été exhibitionnistes dans l’utilisation de leurs armes pendant la phase initiale, tirant des coups de fusils et de pistolets devant toutes les caméras internationales possibles, israéliennes et arabes. Un après-midi, par exemple, un groupe d’hommes est apparu dans notre rue, des pistolets et des fusils dressés dans leurs mains. Ils se sont précipités, éjectant vers le haut leurs munitions – un phénomène décrit comme « tir au soleil » par Oussama el Ali, homme de guerre et figure du Fatah rentré d’exil en 1994. El Ali voulait briser l’illusion, il n’y avait aucune chance que ce qu’on a appelé une « lutte armée » permette d’atteindre un objectif politique. Mais personne n’écoutait. La conclusion qui a prévalu fut que des cibles plus faciles que le soleil devaient être trouvées.

« Nous avons entendu que le porte-parole de l’armée israélienne avait annoncé des échanges de tirs – et nous avons ri », m’a dit en face sniper israélien, en référence aux premières semaines de la confrontation. Les compétences de tir de ses adversaires étaient, pensait-il, pathétiques. Des années plus tard, j’ai entendu une opinion similaire chez une jeune Israélien dont le service militaire se terminait quand la deuxième Intifada a éclaté. Alors que les bulletins de nouvelles à la radio faisaient état de combats, les soldats de son unité se sont amusés à narguer les policiers palestiniens d’un poste situé à proximité.

L’israélien qui m’a raconté cela essayait de s’expliquer pourquoi lui et ses camarades baissaient leurs pantalons et montraient leur derrière aux policiers palestiniens : « Le fondement est la partie qui est pénétrée, la partie qui est conquise. La partie féminine. C’est comme si nous leur disions : S’il te plaît, il est tout à toi, mais tu es incapable de le prendre avec ton fusil – vous êtes impuissant ». La leçon : les Palestiniens armés ont commencé à travailler davantage leurs compétences de tir et à améliorer leurs performances.

« En quoi suis-je meilleur que les autres, qui ont été tués ? » ont déclaré de jeunes Palestiniens, en expliquant leur décision de rejoindre un groupe armé. De l’imitation momentanée ils se sont déplacés vers les royaumes de la socialisation qui ne sont pas étrangers à un état où le service militaire est sacro-saint. Avec deux grandes différences : personne ne force les Palestiniens à s’engager et, contrairement aux soldats israéliens, leurs chances d’être tués sont beaucoup plus grandes que leurs chances de tuer.

La période de 2000 à 2008 nous a appris les règles de la concurrence à toute épreuve dans l’escalade de l’intensité :

Règle 1 : Construction d’une réalité virtuelle. Le côté israélien (l’armée) exagère toujours la taille de ce que les Palestiniens ont et reste vague sur les quantités et les types de munitions dont il dispose. Le résultat est la hausse du prestige des commandants et toutes leurs demandes sont accordées, d’autant plus parce qu’elles prouvent la validité de la thèse qu’il n’y a pas de partenaire. Première sous-règle : l’exagération relève le prestige de ce qui est exagéré aux yeux de son propre public.

Règle 2 : Le côté palestinien armé sous-estime toujours, mais pas la taille de l’armement entre les mains de l’armée israélienne. La partie palestinienne ressent dans sa propre chair les jouets de la partie israélienne, de sorte que la pression des individus armés diminue verbalement la résilience du côté israélien, l’armée et les civils. (Les soldats sont des lâches, ils entrer à Naplouse seulement avec des chars, a déclaré activistes des Brigades des Martyrs d’Al Aqsa, les juifs ont peur de la mort, Israël est en train de se vider, des membres du Hamas parlent « avec des louanges » des attentats-suicide).

Règle 3 : La concurrence est aussi toujours présente à l’intérieur – non seulement entre les unités et les corps dans l’armée israélienne, mais aussi parmi les Palestiniens : les partisans de Hussein al-Sheikh contre les partisans de Marwan Barghouti, les hommes armés dans le camp de réfugiés de Balata contre les hommes armés de la vieille ville de Naplouse, du camp de réfugiés de Jénine contre ceux des villages autour de Jénine. Eux tous contre les «Tunisiens» et les «Ramallans ». Et le Hamas en concurrence avec eux tous.

Règle 4 : recherchez la vengeance n° 1. Des Palestiniens ont tué des soldats à un barrage ? Cherchez des policiers palestiniens et tuez-les. Des Gazaouis ont entrepris une action de guérilla contre les soldats dans les territoires occupés ? Encerclez Rafah, pulvérisez Tel el-Sultan. Montrer que les forces armées israéliennes peuvent faire mieux.

Règle 5 : Recherchez la vengeance n° 2. Si vous n’avez pas d’avions ni de chars et si les embuscades en Cisjordanie et à Gaza ne produisent pas suffisamment de victimes israéliennes, il y a des ceintures d’explosifs et des kamikazes volontaires. Dans le concours interne palestinien, le Hamas le fait mieux.

Règle 6 : Examine à qui l’intensité croissante profite. Lorsque les attentats-suicide en Israël ont augmenté, causant la plupart des victimes israéliennes, une Américaine qui tient un site Internet sur l’occupation israélienne m’a dit : L’Intifada actuelle est plus réussie que la première, parce que le rapport entre les Israéliens et les Palestiniens tués est plus faible. Peut-être qu’elle est arrivée à cette conclusion hallucinante par elle-même, mais ce qu’elle a dit reflètait l’atmosphère que la pression des groupes armés a tenté de dicter. Ils (les hommes armés, la femme américaine) n’étaient pas intéressés par le fait que le rapport soi-disant plus faible n’a pas mis un terme à la politique israélienne à laquelle l’Intifada était censé mettre fin : la prise de contrôle continue de la terre de Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, l’expansion des colonies, la création de nouvelles colonies, la séparation entre la bande de Gaza la Cisjordanie et le bouclage de Jérusalem pour les Palestiniens.

Amira Hass, 1er octobre 2010, Haaretz

traduction : Julien Masri

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