Dans l’arène diplomatique, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a excellé surtout dans la stagnation ; en revanche, il a fait preuve de créativité excessive quand il s’est agit de s’occuper des colonies. Chaque fois que le système judiciaire a ordonné le retrait d’un avant-poste illégal, y compris ceux érigés sur des terres privées palestiniennes, une solution magique a été trouvée pour violer l’ordonnance du tribunal.

Au fil des ans, les gouvernements israéliens successifs ont approuvé rétroactivement des dizaines de colonies illégales, dont beaucoup ont été fondées avec leur bénédiction et de l’argent public. Dans les cas où la Haute Cour de Justice a ordonné l’évacuation d’un avant-poste construit sur des terres volées, le Bureau du Procureur d’Etat s’est engagé à exécuter l’ordre. Mais à la fin de semaine dernière, le gouvernement a fait un autre pas sur la pente glissante du droit lié à la terre des colonies : le ministre Benny Begin s’est engagé à autoriser rétroactivement l’avant-poste de Ramat Gilad, qui a été créé sans autorisation officielle ou participation du gouvernement.
Selon l’accord, qui a été conclu à l’ombre des menaces des colons et de leurs représentants à la Knesset et au gouvernement, neuf bâtiments préfabriqués construits sur des terres privées seront déplacés de quelques dizaines de mètres, de la colline sur laquelle s’élève maintenant l’avant-poste vers les «terres d’Etat». Le statut juridique des deux autres structures doit être examiné. Comme une récompense pour avoir accepté de ne pas attaquer les soldats qui devaient évacuer les habitants de Ramat Gilad, l’Etat va légaliser le reste des bâtiments de l’avant-poste, qui a été fondé sans l’approbation du ministre de la défense et sans permis de construire.
Dans les mains de ce gouvernement, des solutions de la même veine que celle offerte à Ramat Gilad, qui concernent principalement le déplacement des bâtiments construits sur les terres privées vers les «terres d’Etat», sont devenues des instruments pour approfondir l’occupation et entraver la solution à deux Etats.
Israël est le seul pays au monde qui reconnaît le droit de ses citoyens à s’installer sur la Ligne verte. Basé sur la loi ottomane, Israël a exproprié au cours des années environ un million de dunams (250.000 hectares), en les définissant comme «terres d’Etat», afin d’y fonder des colonies juives. Le ministre de la Défense Ehud Barak a comparé Israël à une «villa dans la jungle.» Rien n’est plus proche de la loi de la jungle qu’un système de lois et de procédures déformées qui font qu’il est possible de construire des quartiers de villas dans les colonies et de légaliser les avant-postes sauvages, comme Ramat Gilad.
source : Haaretz, 1er janvier 2012
traduction : Julien Masri