Bulletin N°67
Par Pierre Galand
La politique israélienne d’occupation de la Palestine s’apparente à une politique d’apartheid qui va bien au-delà de la seule discrimination. C’est celle du mépris pour tout un peuple dont le tort, aux yeux d’une majorité d’Israéliens, est de continuer d’exister et de résister contre l’occupation.
En 2016, cela fera 10 ans que toute la population de Gaza est victime d’un blocus proprement inhumain. Ce sont 1,6 million d’habitants qui sont confinés dans un espace équivalent à celui d’un grand camp de concentration, ce que d’aucuns appellent une prison à ciel ouvert. Toute velléité des Gazaouites de forcer le blocus ou de faire entendre leurs voix est régulièrement réprimée dans le sang. En 10 ans, on compte déjà trois guerres meurtrières contre des populations qui ne peuvent trouver aucun refuge ailleurs puisqu’elles sont littéralement emmurées. Les dénonciations des violations des Conventions de Genève et des crimes de guerre et contre l’humanité, qu’elles proviennent des grandes associations des droits humains ou de la presse, sont jusqu’ici restées lettre morte.
Pas étonnant alors, comme le souligne Serge Dumont, correspondant du Soir à Tel-Aviv, que ce soit « dans l’indifférence générale que Makarim Wilbisono, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’Homme dans les Territoires palestiniens occupés, a présenté ce lundi (4 janvier 2016) sa démission ». Jugé « pro-palestinien » par le gouvernement Netanyahou, il s’est vu de ce fait empêché de se rendre en Cisjordanie. « L’Etat hébreu craignait que son rapport sur la situation des droits de l’Homme dans les Territoires soit encore plus accablant pour eux que ceux de ses prédécesseurs et qu’il débouche sur de nouvelles condamnations onusiennes », poursuit Serge Dumont.
On sait pourtant quelles suites furent réservées par le Conseil de sécurité au rapport Goldstone après la première agression militaire contre Gaza en 2009 et 2010 et la manière dont fut traité Richard Falk, ex-Rapporteur spécial des Nations Unies. Nous devons donc appeler le Secrétaire général des NU Ban Ki-moon à envoyer un signal fort au gouvernement israélien, avant la fin de son mandat, sous peine de laisser décrédibiliser un peu plus son institution.Nous devons appeler également l’Egypte à cesser sa honteuse complicité avec Israël et à rouvrir le poste frontière de Rafa entre Gaza et son territoire. En 2015, ce poste n’a été ouvert que 21 jours et ce, de manière totalement aléatoire. Et ce sont à peine 10 000 Palestiniens (malades, pèlerins, étudiants) qui furent autorisés à transiter par ce passage. Tout cela contribue fortement à une véritable déshumanisation des Palestiniens
Déshumanisation encore lorsqu’Israël opère des arrestations arbitraires et violentes d’enfants en Cisjordanie et à Jérusalem. Durant les deux derniers mois de 2015, plus de 1000 enfants ont en effet été kidnappés par les forces d’occupation israéliennes et 400 d’entre eux sont encore maintenus en prison.
Toujours en 2015, 291 Palestiniennes ont été arrêtées, principalement à Jérusalem.
Elles illustrent elles aussi l’usage abusif qui est fait par Israël des détentions arbitraires.Sans attendre et en l’absence du Rapporteur spécial des Nations Unies, nous devons sans relâche exiger de l’UE et de ses Etats membres qu’ils interviennent enfin pour la levée du blocus de Gaza, la libération des prisonniers et la cessation des arrestations arbitraires.
Pierre Galand