Le 10 août 2006, des soldats ont scellés trois magasins palestiniens à Hébron. L’action s’insère dans la politique des autorités israéliennes de séparation dans le centre d’Hébron, qui vise à protéger les colonies qui y sont construites. Cette politique implique une séparation physique et juridique entre les colons israéliens et la majorité palestinienne, ainsi que d’extensives et sévères restrictions sur les déplacements des Palestiniens ainsi que le refus systématique d’appliquer la loi et l’ordre aux les colons qui attaquent les Palestiniens. En outre, les forces de sécurité attaquent elles-mêmes les résidents palestiniens de la ville. Cette politique a ruiné l’économie du centre-ville et a conduit de nombreux Palestiniens à quitter leurs foyers dans le quartier.
Les images filmées par des bénévoles de B’Tselem Ayat et Suhair Jabri montrent la fermeture des magasins Abu Halef’s. Il y a cinq ans, Abou Azzam Halef, un résident de 50 ans de Hébron, a loué trois magasins dans la zone H2, une partie de Hébron qui est sous contrôle israélien. Les magasins sont situés rue Bab al-Baladiyah al-Qadeem, au carrefour où le barrage de Beit Romano a été placé pour bloquer le passage vers la rue Shuhadah, une artère principale de la vieille ville qui a été fermé à la circulation des Palestiniens depuis 2000. Des résidents palestiniens et des militants israéliens et étrangers organisent des manifestations hebdomadaires à côté du poste de contrôle exigeant que les Palestiniens soient autorisés à utiliser la rue.
les faits
Selon Abou Halef, le samedi 31 juillet 2010, lorsque la manifestation hebdomadaire était terminée, un agent de l’Administration civile [administration militaire pour les affaires civiles palestiniennes ndt] est venu dans son magasin et l’a menacé, disant que s’il ne prenait pas de mesures pour arrêter les manifestations se déroulant à proximité, l’armée fermerait ses magasins. Le policier n’a pas fléchi, même après Abu Halef a affirmé qu’il n’était pas impliqué dans les manifestations ni ne connaissait les personnes qui les organisaient ou y participaient.
Une semaine et demie plus tard, aux alentours de midi le mardi 10 août, un autre agent de l’Administration civile est arrivé à la boutique et a dit à Abou Halef qu’il fallait enlever les marchandises de ses trois magasins, que les militaires venaient une demi-heure plus tard pour les fermer. L’agent n’a pas montré à Abou Halef d’ordre militaire l’informant de la fermeture des magasins.
Environ une heure et demie plus tard, des soldats et des policiers sont venus sur les lieux. Ils ont violemment écarté Abou Halef et les habitants qui l’avaient rejoint pour protester contre l’opération. La police a arrêté trois habitants et un étranger, en les battant et en les traitant sur le sol. Les soldats ont commencé à souder les portes des magasins avant que les marchandises à l’intérieur ne puissent être enlevées. Ils n’ont pas montré à Abou Halef d’ordre militaire qui les autorisât à le faire. Les forces de sécurité ont montré aux résidents une ordonnance du classement de la zone des magasins zone militaire fermée et leur ont ordonné de quitter la zone.
Le scellement des magasins a été accompagné de violence de la part des forces de sécurité. Comme le scellement se passait, Abu Halef, qui tentait de protéger sa marchandise, a perdu connaissance et est tombé. Les militaires l’ont ramassé et l’ont déposé tout près. Un peu plus tard, il a été soigné par un infirmier de l’armée, puis transporté à l’hôpital Aliya à Hébron, où il a été soigné avant d’en sortir dans la nuit.
B’Tselem a écrit au Bureau du Juge-avocat général, demandant que la police militaire enquête sur le comportement violent des soldats.
31 août 2010
traduction : Julien Masri