Ces « news BDS » sont peut-être les dernières que vous lirez : en effet, les 25 et 26 juin l’administration Trump va « résoudre » le « conflit » israélo-palestinien. A Bahreïn, où le sang des manifestants de 2011 – massacrés par le pouvoir en place et l’Arabie Saoudite – n’a pas encore séché, les Etats-Unis vont présenter le volet économique de leur plan de paix. Gendarme du monde, l’Oncle Sam a déjà annoncé la couleur : le 25 mars, Trump reconnaissait officiellement la souveraineté israélienne sur le Golan syrien tandis que début juin, l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, annonçait qu’Israël avait le droit d’annexer une partie de la Cisjordanie occupée. Les bases sont là. Dans la Bande de Gaza, la « Marche du retour » soufflait sa première bougie : après 12 mois de manifestations, les morts, les blessés et les amputés témoignent de l’envie d’Israël d’aboutir à une paix juste et durable au Moyen-Orient. Par chance, cette année, l’Eurovision a permis à Israël de camoufler tout cela.
Israël
« Blanchir l’apartheid » est désormais un crédo pour les dirigeants israéliens. En effet, du 14 au 18 mai 2019, Israël nous a encore une fois proposé une belle leçon de propagande en accueillant le Concours Eurovision de la chanson. Si la campagne BDS construite autour de cet évènement n’a pas empêché la tenue du concours, celle-ci a été, encore une fois, une preuve flagrante du soutien grandissant au peuple palestinien. En effet, des dizaines de pays – dont la Belgique – ont vu de nombreuses actions se dérouler sur leur sol. Du côté israélien, des voix se sont à nouveau levées pour dénoncer la politique de leur État ; un collectif d’artistes israéliens, pour exhorter les participants à l’Eurovision de ne pas se rendre à Tel-Aviv, écrivait dans leur appel : « Nous avons longuement réfléchi à la programmation de vos performances. D’un côté, il serait vraiment merveilleux d’entendre vos musiques et vos messages d’inclusivité. D’un autre côté, ces messages seront transmis depuis Tel-Aviv, qu’Israël utilise comme un outil de relations publiques, pour distraire de son occupation militaire, de sa politique d’apartheid, et du nettoyage ethnique du peuple palestinien indigène. Ce serait une parfaite diversion ». Il n’y pas de nationalités pour être humain. L’évènement en tant que tel n’a pas rencontré le succès espéré : tickets non vendus, pas de hausse du tourisme, succès d’évènements alternatifs tels que « Globalvision », etc. Deux faits notables méritent cependant d’être cités mais surtout d’être analysés sous le prisme du BDS. Le premier vient du groupe islandais Hatari : lors de l’annonce des points, les membres du groupe ont brandi des écharpes aux couleurs de la Palestine provoquant une salve de désapprobations dans le public. Le second est à l’initiative de la chanteuse Madonna dont les danseurs portaient, sur leur dos, les drapeaux israéliens et palestiniens. C’est mignon, c’est symbolique. Cependant, le message n’aurait-il pas été encore plus symbolique si ces artistes avaient répondu favorablement à l’appel du mouvement BDS en ne se produisant pas en terre d’apartheid ?
Allemagne
Le 17 mai dernier, le Parlement fédéral allemand a adopté une résolution définissant le mouvement BDS comme antisémite. Si d’obscurs personnages ont l’habitude de faire l’amalgame mensonger entre antisémitisme et solidarité envers le peuple palestinien, la décision du Bundestag apporte un soutien inespéré à un État israélien de plus en plus décomplexé. En accusant désormais chaque partisan de la campagne BDS d’antisémitisme, l’Allemagne a certes mis des parenthèses autour du principe de liberté d’expression, mais a surtout donné du crédit à l’argumentation d’Israël. Désormais, chaque personne de conscience ayant fait le choix pacifique de boycotter un État d’apartheid pourrait se faire mettre au pilori. Dans un article paru dans Ha’aretz, le journaliste israélien Gideon Levy met en exergue l’incohérence de cette résolution en demandant : « Que diront les législateurs allemands de ceux qui appellent au boycott des produits des ateliers clandestins ou de l’industrie de la viande ? Les criminaliseront-ils également ? Qu’en est-il des sanctions contre la Russie, suite à son invasion de la Crimée ? Pourquoi une occupation devrait-elle être boycottée alors qu’une autre mériterait des acclamations ? Que pensaient les Allemands des sanctions contre l’Afrique du Sud ? Quelles sont les différences ? ». Aujourd’hui, l’État allemand doit répondre. Demain ?