Bulletin 64, Juin 2015
Si la campagne BDS prend de l’ampleur à travers le monde, c’est que la contribution apportée par l’actrice américaine Scarlett Johansson a été significative. Ambassadrice de la marque israélienne SodaStream, auparavant implantée dans la colonie de Mishor Adumin, l’actrice américaine avait bien involontairement offert un surcroît de visibilité au mouvement de boycott, en préférant défendre les machines à Soda plutôt que l’ONG Oxfam dont elle était également l’ambassadrice.
Victoire du mouvement BDS face à l’économie coloniale israélienne ?
Oui, en partie car pour la première fois, un mouvement citoyen est parvenu à toucher aux bénéfices nets d’une marque israélienne (moins 0,43 % au second trimestre 2014), mais il a surtout fait subir une chute vertigineuse à l’action SodaStream avec un repli de 44% sur l’année 2014. Sauve-qui-peut général! Les actionnaires de la marque à bulles se sont empressés de pousser la direction à annoncer un retrait des colonies et une nouvelle implantation au sud d’Israël, dans le désert du Néguev. Devant la chute des ventes et les pressions du mouvement BDS, l’entreprise israélienne avait en effet annoncé fin 2013 son intention de quitter la Cisjordanie et de fermer son site dans la colonie de peuplement, illégale du point de vue du droit international, rappelons-le.
Une déferlante SodaStream
Nous sommes cependant bien loin d’une victoire… Avez-vous remarqué l’invasion de paquets cadeaux SodaStream dans vos grandes surfaces ? Et les spots publicitaires aux heures de grande audience sur une chaine nationale ? Cet été, SodaStream contre-attaque et inonde le marché belge. Pire, nous l’avons appris il y a quelques semaines, à partir de cet été, les SodaStream seront réglables en eco-chèques distribués à 500 000 personnes en Belgique. Bonne nouvelle, dorénavant, l’occupation israélienne est subsidiée par la Belgique !
Malgré l’annonce d’un départ précipité de la colonie de Mishor Adumin, cette nouvelle vague de SodaStream dans nos magasins provient bien des territoires occupés et la vente de leurs appareils constitue toujours un soutien économique à la politique d’occupation israélienne.
En Oregon (USA), les mouvements engagés contre cette politique sont parvenus à faire étiqueter « made in West Bank » ces appareils de provenance illégale afin d’informer les consommateurs. Rien de cela chez nous…
Déplacer l’exploitation de l’autre côté de la Ligne verte
De plus, si vos appareils SodaStream ne proviendront plus d’une usine implantée dans une colonie, la marque à bulles prévoit de maintenir des coûts de production très bas en s’installant dans la ville de Rahat, ville de « regroupement » (lisez « de déplacement forcé »), de population bédouine, véritables villes ghettos en Israël. SodaStream profite ainsi de la vision du général Dayan qui expliquait en 1968 « il faudrait que nous transformions les Bédouins en un prolétariat urbain, pour l’industrie, les services publics, la construction et l’agriculture. Le Bédouin ne vivrait plus sur ses terres, mais deviendrait une personne urbaine (…). Ceci serait une révolution, mais c’est réalisable en deux générations. Et ce phénomène des Bédouins disparaitra… ».
Une campagne estivale « Boycott SodaStream »
Par ailleurs, face aux échecs diplomatiques répétés et à l’impasse d’une solution politique, il va de soi que le boycott des produits israéliens, en provenance des colonies ou non, est dorénavant la seule alternative citoyenne et pacifique pour contraindre Israël à respecter le droit international. Aujourd’hui, le mouvement BDS continue de progresser de manière exponentielle à travers le monde, de manière plus rapide que celui d’hier contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud.
Face à la l’invasion de machine à bulles cet été, ouvrez l’œil et le bon! Scarlett Johansson sera peut-être postée devant votre grande surface. Elle vous rappellera que, si nos entreprises, voire nos politiques, ne sont pas à cheval sur les droits de l’Homme, vous avez, vous, comme consommateurs et citoyens engagés, l’opportunité d’influencer économiquement cette entreprise afin qu’elle cesse de profiter de la politique d’occupation israélienne. Dans le meilleur des cas, on peut espérer que cette entreprise et d’autres fassent pression sur le gouvernement israélien afin qu’il s’engage en faveur d’une solution juste et durable pour les Palestiniens.
L’Association belgo-palestinienne vous invite d’ores et déjà à vous joindre à notre campagne estivale « Boycott Sodastream ». Plus d’informations prochainement sur notre site Internet ou par e-mail à l’adresse info@abp-wb.be. Rendez-vous le 20 juin pour le lancement de la campagne !
Par, Simon Moutquin